Trois hommes et deux femmes ont péri dans un incendie fulgurant qui s’est déclenché vers 01H00 jeudi dans un immeuble des années 70 proche de la gare de Strasbourg, et sept autres personnes ont été hospitalisées en « urgence relative ».
Appelés pour un dégagement de fumée dans la cage d’escalier de cet immeuble de sept étages, les pompiers ont indiqué avoir « dû faire face à de nombreux sauvetages et mises en sécurité en raison de l’épaisse fumée qui avait envahi les communs ».
Un homme de 30 ans, un autre âgé d’une trentaine d’années et un troisième de 45 ans ainsi qu’une femme de 25 ans et une seconde d’environ 70 ans, sont décédés dans ce sinistre, selon le directeur de cabinet de la préfecture de la Région Grand Est, Dominique Schuffenecker, qui s’est rendu sur place dans la nuit.
Vivant pour la plupart seules, ces personnes « sont mortes sur le coup, surprises par la fumée qui s’est propagée dans la cage d’escalier et l’intensité de la chaleur qui était telle que les pompiers nous ont dit que les murs fondaient littéralement », a poursuivi Dominique Schuffenecker, selon lequel « l’immeuble des années 70 n’est ni insalubre, ni vétuste ».
Parmi les sept blessés hospitalisés en « urgence relative » se trouve une femme enceinte, a-t-il encore précisé.
« A priori, l’incendie est dû à un problème électrique », a également indiqué Dominique Schuffenecker, évoquant des témoignages d’habitants recueillis par les pompiers.
« Les gens ont tous décrit un problème électrique parce que ça faisait un bruit particulier et le courant a été coupé immédiatement », a-t-il rapporté, soulignant que l’enquête devra le confirmer. Un expert a été dépêché.
Toutefois, selon une source policière, deux hommes d’une cinquantaine d’années ont été placés en garde à vue « pour vérification ».
Le sinistre a mobilisé 48 sapeurs-pompiers et 23 engins. « La structure de l’immeuble a tenu, c’est vraiment la cage d’escalier qui a été ravagée par les flammes », a expliqué sur France Info la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier.
Seules traces du drame visibles jeudi matin sur la façade de l’immeuble : des traînées noires au niveau du troisième étage, autour de fenêtres grandes ouvertes.
– « Sauter par la fenêtre » –
Amadou Diallo, qui habite au 7e étage avec sa femme, a raconté à l’AFP avoir entendu son voisin crier au feu dans la nuit. « J’ai ouvert la porte et vu plein de fumée, ma femme était paniquée et voulait sauter par la fenêtre. »
Avec sa femme, enceinte de deux mois, ils ont réussi à gagner le toit en passant par une fenêtre et y ont attendu les pompiers quelques minutes avant d’être évacués par leur échelle.
« Je suis sorti en caleçon, sans chaussures », raconte M. Diallo, qui se dit inquiet pour des voisins dont il n’a pas encore de nouvelles.
Angélique Étienne, qui habite un immeuble voisin, a quant à elle entendu vers 01H30 « une dame qui criait qu’elle voulait sauter par la fenêtre » et « les pompiers qui disaient: Calmez-vous, on va vous sortir de là ».
« Il y a avait des têtes à toutes les fenêtres, tout le monde essayait de sortir » et « la fumée sortait des deux côtés » de l’immeuble. Ensuite, des corps ont été placés dans la cage d’escalier de son immeuble, a-t-elle relaté.
Six mois plus tôt, « un homme s’est suicidé en sautant par une fenêtre de l’immeuble. Ca fait deux fois qu’en regardant par la fenêtre on voit des drames dans cet immeuble », a raconté la jeune femme.
Les habitants évacués ont été accueillis dans un gymnase. Neuf devront être relogés par la municipalité. Une cellule d’urgence médico-psychologique a également été activée.
« Mes pensées accompagnent les familles et proches des victimes de l’incendie qui a endeuillé #Strasbourg cette nuit », a tweeté le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, rendant « hommage à l’ensemble des forces de sécurité et secours engagées ».
« Je ne pense pas qu’il puisse s’agir d’un acte criminel mais rien n’est exclu », a déclaré, le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, qui s’est rendu sur place en milieu de matinée.