Un mardi de tous les dangers ! Ce mardi peut constituer un tournant ou un tourment dans le bras-de-fer qui oppose le pouvoir à l’opposition. Face au veto du préfet de Dakar, le Front démocratique et social de résistance nationale (Frn) compte manifester devant les grilles du ministère de l’Intérieur, en passant outre l’arrêté Ousmane Ngom qui classe la zone sur le périmètre de sécurité du palais de la République.
Nous allons assister aux prémices d’une guerre psychologique à quelques encablures d’une présidentielle décisive. C’est le premier sit-in du cadre unitaire de l’opposition au lendemain de la mise à l’écart (?) de Khalifa Sall et de Karim Wade. Les partisans de ce dernier ont clairement menacé d’’empêcher la tenue du scrutin de février 2019 si la candidature de l’ex-ministre d’Etat est invalidée.
En réalité, le Parti démocratique sénégalais, dont le leader a déjà promis de ne plus participer à une élection organisée par Aly Ngouille Ndiaye, a changé de fusil d’épaule. Il pourrait tenter l’épreuve de force pour imposer sa position sur la question : à savoir qu’il n’y a pas de plan B et pour que le profil du ministre chargé du processus électoral soit consensuel.
Mieux, toutes les indiscrétions qui nous sont parvenues concordent à établir que Karim attend de décrocher le soutien de la rue pour opérer son retour, voulu triomphal, au bercail. Ainsi, la manif’ de ce mardi est un test grandeur nature pour Wade-fils soucieux de faire évoluer le rapport de force en sa faveur.
A cet égard, il faut redouter une jonction entre les Karimistes et les Khalifistes à la suite de la destitution du maire de Dakar. En clair, la frange du Parti socialiste qui soutient Khalifa Sall et les libéraux sont condamnés à mener le combat ensemble en transcendant le choc des ambitions qui a préjudicié à la dynamique unitaire des adversaires de Macky Sall lors des deux dernières marches tenues successivement en centre-ville et dans la banlieue.
A titre préventif, la société Dakar Dem Dikk a coupé certaines lignes pour contourner Grand-Yoff, fief de l’édile de la capitale.
Le plus grand risque pour le régime en place est de voir la pénurie d’eau affectant la capitale renforcer les manifestants ; comme les coupures intempestives d’électricité avaient donné de fortes résonnances sociales à la journée de protestation du 23 juin 2011.
C’est dire qu’il y a de l’électricité dans l’air en ce jour de Mars (dieu de la guerre). Sera-ce le baptême du feu pour une longue série de manifestations sous le mode de celles qui annoncèrent la chute du Pape du Sopi ? Nous devons à la vérité de souligner que les armées mexicaines, dont l’opposition sénégalaise, perdent souvent les guerres du fait des querelles de préséance entre capitaines. En tout cas, il n’y a que le premier pas qui coûte. Sous ce rapport, l’issue du sit-in de ce mardi sera pleine d’enseignements !
DakarActu