vendredi, mars 28, 2025

Elles dénoncent des maltraitances gynécologiques et provoquent la fureur des practiciens

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Mots blessants, gestes médicaux vécus comme une « mutilation », impression d’être un « bout de viande » lors de l’accouchement… La polémique n’en finit plus de monter entre des femmes qui dénoncent des « maltraitances gynécologiques » et des praticiens qui s’insurgent contre ce « gynéco-bashing ».

Le débat autour des « violences obstétricales » est brûlant depuis des mois. Dernière épisode, la parution récente du « Livre noir de la gynécologie », de Mélanie Déchalotte. Il rassemble des témoignages de femmes qui se disent victimes d’examens brutaux, de paroles déplacées ou d’humiliations à l’accouchement, lors de consultations gynécos. La Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale s’insurge contre « les attaques que la profession subit depuis plusieurs mois sous forme de témoignages à travers des livres ou des blogs ». « Tout ça c’est très violent contre nous et très dommage pour les femmes », renchérit auprès de l’AFP Héliane Missey Kolb, présidente du Collège de gynécologie Paris-Ile de France.

Elle craint que la virulence du débat « n’entraîne la méfiance chez les jeunes qui viendront consulter ». Car certains témoignages glacent. Dans le « Livre noir », Carine, 38 ans, raconte comment un médecin lui a dit: « Je vous ai enlevé l’utérus, mais c’est pas grave ».

« J’ai refusé cette épisiotomie (…) on me coupe quand même »

Autre reproche, le recours sans consentement à l’épisiotomie (incision du périnée, zone située entre le vagin et l’anus, afin de laisser passer le bébé). « Prisonnière d’une camisole chimique, j’ai refusé cette épisiotomie (…) on me coupe quand même« , raconte Barbara, qui a accouché sous péridurale et pour qui le « clac, clac » du ciseau reste « un traumatisme« .

La fréquence des épisiotomies s’est cependant notablement réduite: 55% en 1998, 27% en 2010, 20% en 2016. Pour le premier accouchement, cette proportion est tombée de 71% en 1998 à 34,9 % 2016, selon les derniers chiffres de l’Inserm.

« Violences obstétricales »

Toute la polémique s’est cristallisée dans une expression contestée: « Violences obstétricales« . Elle désigne des actes médicaux durant l’accouchement qui ne sont pas nécessaires ni consentis par la future mère. Cet été, l’emploi de ce terme par Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes en France, avait provoqué la fureur des gynécologues. Mme Schiappa a commandé au Haut conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes un rapport sur la question attendu en mars 2018.

L’une des figures de proue de cette contestation est la féministe belge Marie-Hélène Lahaye, qui a lancé dès 2013 le blog Marie accouche là. Elle a écrit des billets « un peu pamphlétaires, provocants, pour faire réagir » qui lui ont valu, dit-elle à l’AFP, de vives réactions de médecins: « C’est scandaleux, vous faites peur aux femmes, vous voulez la mort des bébés« .

Nouvelle génération

« Les blogs, les réseaux sociaux et une certaine féminisation » dans les médias ont contribué à faire émerger ce sujet, estime pour sa part la militante féministe Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. La Fondation vient de mettre en ligne le guide juridique « Accouchement, mes droits, mes choix » pour offrir aux femmes « des informations sur leurs droits et sur les devoirs » des professionnels de santé. « La polémique sur les violences obstétricales montre qu’entre le pouvoir médical et les patients les lignes bougent« , dit à l’AFP le docteur Laurent Vercoustre.

Pour cet obstétricien récemment retraité, « les femmes ne supportent plus le paternalisme médical. C’est un phénomène irréversible de la redistribution du pouvoir entre médecins et patients » qui va « bien au-delà du domaine obstétrical« .

Des « accusations un peu tous azimuts »

« Le bon côté, c’est que ça crée des discussions chez les médecins« , concède à l’AFP l’obstétricien Bernard Huynh, qui déplore cependant des « accusations un peu tous azimuts« . Pour lui, le reproche de la domination masculine sur la gynécologie-obstétrique s’efface devant la féminisation massive du métier. « Cela ne change rien si elles ne remettent pas en question les fondements de leur profession« , rétorque Mme Lahaye.

Elle observe toutefois « un changement depuis quelques mois« , avec davantage de gynécos « conscients du problème« . Parmi eux, la « nouvelle génération, qui veut bouger« , même si elle la juge encore « minoritaire« .

Source: RTLMONDE

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