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Kolda s’est encore fait remarquer avec la manifestation des conducteurs de motos Jakarta, obligeant ainsi les autorités à sortir les soldats dans les rues de Koly Dado. Kolda, une ville sans transports inter urbains, vu que le renouvellement des véhicules de transports ne touche pas le fouladou. Les bus DDK annoncés pour les liaisons inter urbains sont encore à loger aux calendes sénégalaises. Immersion dans le monde des “jakarta men” à Kolda.
Pas un pas au Fouladou sans rencontrer une deux roues. En ville comme en campagne la moto est devenue la reine. Meme si personne ne peut donner un chiffre exact sur le nombre de motos en circulation. En 2016 un recensement dans la ville de kolda a relevé 850 motos Taxis. Ce chiffre est aujourd’hui monté en flèche. Le taxi moto est devenu le refuge de tous les sans emplois. Appuyés par des salariés ou autres patrons, leurs employeurs, ces jeunes circulent sous les braises ardentes du soleil en cette période, à travers les rues de Kolda, ville cuvette ou les rares routes praticables se limitent au centre ville. Circuler dans les quartiers périphériques suppose du courage et de la dextérité. Faut se battre au quotidien pour parvenir à faire un versement variant entre 2000 et 3000fCfa, à côté des frais alimentaires et autres imprévus. C’est le quotidien de Amadou Baldé qui, après deux ans en fac de sociologie à l’UCAD, est revenu à Kolda. Il survit aujourd’hui grâce à la moto d’un parent et travaille chaque jour jusqu’à 22H. Les motos taxis sont ainsi venues combler un vide dans le transport inter urbain ou seuls les taxis régnaient. Avec seulement 250f vous pouvez aller dans n’importe quel endroit de la ville. Il y a d’ailleurs des chauffeurs de taxis qui se sont reconvertis et ont leurs 2 roues.
La moto est devenue le principal moyen de locomotion au Fouladou. Dans une région enclavée ou les pistes de production sont du domaine du luxe. Le goudron, c’est simplement une affaire de route nationale. Pour aller au village ou dans les chefs lieux d’arrondissement, la moto est l’idéale car capable de traverser des vallées et autres labyrinthes sans grosses difficultés.
Secteur porteur qui absorbe tous ceux qui n’ont plus aucune autre possibilité pour travailler dans ce monde. Des diplômés aux chômeurs aguerris en passant par des chauffeurs de taxis reconvertis et autres paysans. A l’image de Abdoulaye, licencié en géographie, qui possède une moto depuis 1an pour entretenir sa famille. ‘Je viens d’avoir une épouse et j’ai tenté plusieurs concours pour travailler mais rien. C’est difficile”, explique t-il, avant d’en appeler à l’organisation du secteur. Ce qui passe par l’écoute des principaux acteurs, souligne-t-il.
Il connait d’autres diplômés du Supérieur qui se retrouvent dans cette situation. Mais il s’empresse d’ajouter que nul parent ne peut souhaiter à son enfant de devenir un conducteur de jakarta. Surtout pas celui qui a pu arriver à l’université. A côté il y a des jeunes très jeunes, parfois mineurs, qui risquent au quotidien leur vie dans la circulation.
Ils sont responsables de familles habitant dans des zones enclavées, enseignants et autres fonctionnaires en incapacité d’avoir des voitures personnelles.
Pour Lamarana Diallo, le président de l’association des conducteurs de Jakaarta, la situation est compliquée. Et de faire remarquer que : « Beaucoup de personnes des fonctionnaires achètent des motos et les confient à des jeunes, pour avoir d’autres sources de revenus. Ils se font de l’argent avec l’angoisse et la précarité des jeunes en exigeant des versements journaliers de 2500f. » La souffrance des conducteurs des motos jakarta est due aux hommes de tenue. Entre rackets, intimidations et contraventions, ces jeunes sont confrontés à ce lot quotidien . Pourtant cela ne ralentit pas les accidents de circulation. Le service des urgences de l’hôpital régional ne reste jamais 2 jours sans accueillir des victimes d’accidents de motos. Personne ne veut ou peut donner des statistiques. Aucun conducteur de moto ne peut avoir tous les papiers requis, permis de conduire, carte grise, assurance et tenue complète. Faudra revoir surtout pour les assurances que certains considèrent comme simple escroquerie.
Les jeunes Jakarta men se sont organisés à leur propre manière. Ils ont leurs propres arrêts dans les différents quartiers. Avec la municipalité, une taxe mensuelle de 3000f est versée.
Concernant les procédures lancées pour l’identification des motos, la gratuité annoncée passe par l’achat des timbres aux Impôts et Domaines, à 2000f au minimum. Au Service des Mines, le patron est absent nous répète -t-on on à chaque passage. Personne ne veut se prononcer en son absence. Seule certitude, les jeunes conducteurs ne se bousculent pas pour l’instant.