Détecter une micro-fissure sur une pale d’éolienne en mer, mesurer la santé des cultures dans l’agriculture: les applications du drone civil se multiplient, mais cette filière en pleine expansion peine encore à recruter en France, la grande majorité des opérateurs ayant le statut d’auto-entrepreneurs.
Réglementé depuis un arrêté ministériel du 11 avril 2012, qui fixe notamment à 150 mètres la hauteur maximale de vol, le marché compte actuellement 2.000 exploitants – contre 460 début 2014 – et une centaine de constructeurs pour un peu moins de 3.500 emplois, indique la Fédération professionnelle du drone civil (FPDC), à l’occasion du premier salon « Drone Experience Festival » à Nantes.
« Ce n’est pas énorme car aujourd’hui 80% des opérateurs ont un statut d’auto-entrepreneur. On en est encore sur les frémissements de la filière qui se structure, mais ça évolue assez vite, les gens commencent à se regrouper et il y a de plus en plus d’entreprises qui ont entre cinq et dix salariés. D’ici dix ans, on devrait arriver à multiplier le nombre d’emplois par 20 », estime Anne-Marie Haute, déléguée de la FDPC pour le Centre-Ouest.
« Aujourd’hui, vous achetez un drone et vous vous lancez dans la production audiovisuelle. C’est légion et c’est un secteur très concurrentiel. Moi, je ne fais pas du tout d’image, je me suis concentré sur un marché ultra-pointu en terme de technologie, celui de la géomatique, et on a un plan de recrutement de dix personnes par an », témoigne Jean-François Baudet, patron de la start-up nantaise Hélicéo, l’un des exposants de ce salon qui mixe rendez-vous d’affaires et démonstrations au grand public.
Lancée début 2014 par cet informaticien passionné d’aviation, Hélicéo fait partie des cinq acteurs au monde à réaliser des drones avec une « précision du géomètre », grâce à un GPS embarqué « précis à deux centimètres près », souligne M. Baudet, qui en travaillant aussi sur des systèmes de décollage vertical a empoché des contrats auprès de géomètres en Europe, en Amérique du Sud et au Canada.
– Plus d’autonomie –
Profitant du salon pour annoncer une nouvelle machine avec une heure d’autonomie -contre dix à quinze minutes en moyenne actuellement- la très petite entreprise d’Anne-Marie Haute, Eagle View, basée dans la région nantaise, va pouvoir « commencer à vraiment s’attaquer aux marchés industriels de surveillance, d’inspection », grâce à des produits plus adaptés aux exigences des grands donneurs d’ordre, comme Total, Alstom ou Bouygues.
Représentant environ 30% du marché, l’inspection industrielle devrait « d’ici cinq à six ans » faire jeu égal avec l’audiovisuel, et booster le recrutement, prédit la chef d’entreprise.
Avec plus d’autonomie, le drone multi-rotor, également résistant au vent, va permettre de « détecter des micro-fissures sur les pales d’éoliennes en mer après un coup de tonnerre », « impossibles à mesurer à la longue-vue et à prendre en photo quand on est sur un bateau avec la houle », détaille Loïc, l’un des sept salariés d’Eagle View.
D’autres appareils volants télé-pilotés sont conçus sur-mesure pour « vérifier en quelques minutes le bon fonctionnement ou non de 200 panneaux solaires dans un champ à l’aide d’une caméra thermique », ou mesurer l’état de santé des cultures agricoles et décider, « grâce à des capteurs multi-spectraux, où arroser, où mettre de l’engrais », à la fois un gain de temps et d’argent, poursuit Loïc.
Pour la SNCF aussi, qui s’est lancée dans la surveillance de son réseau par drones, ces petites machines font « en une heure » ce qu’un humain ferait en douze, notamment dans ses opération de contrôle de l’évolution de la végétation aux abords des voies, souligne Grégoire Goussu, responsable technique opération de la société, lors d’une conférence.
Les prouesses technologiques de ces petits appareils, qui auront bientôt la capacité de détecter les objets qui les entourent et de réussir à les éviter, selon Anne-Marie Haute, intéressent désormais aussi bien les services de sécurité que de secours, selon ces professionnels.
Source: RTLInternational