dimanche, février 23, 2025

Rwanda: Un troisième mandat pour Paul Kagame?

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Le Parlement rwandais examinera à l’été les demandes par pétition de près de deux millions de Rwandais pour une réforme de la Constitution qui autoriserait un nouveau mandat présidentiel de Paul Kagame, l’homme fort du pays depuis la fin du génocide de 1994.

Attendue depuis des mois dans la perspective de la présidentielle de 2017, une telle annonce fait écho à un sujet brûlant sur le continent africain, au Burundi voisin, en République démocratique du Congo, au Congo ou encore au Burkina Faso : la modification des textes constitutionnels pour permettre à des chefs d’État, parfois au pouvoir depuis des décennies, de se maintenir à la tête de leur pays.

Les suites

Les deux chambres composant le Parlement — toutes deux dominées par le parti au pouvoir FPR (Front patriotique rwandais) — se prononceront sur les suites à donner à ces pétitions en séance plénière entre le 5 juin et le 4 août, a précisé la présidente de la chambre des députés. Ces demandes, qui représentent près de 17 % de la population rwandaise, afflueraient depuis plusieurs mois au Parlement sous la forme de pétitions spontanées

Mercredi, onze citoyens assurant représenter le personnel des 23 centres de santé du district de Karongi (ouest) sont ainsi venus déposer une pétition de 579 signatures.

« C’était un processus volontaire, personne n’a été forcé » à signer les pétitions, a-t-il assuré, vantant les multiples réalisations du chef de l’État, dont la construction du centre de santé où il exerce.

Une réforme

Depuis plusieurs mois, les appels se multipliaient au Rwanda en faveur de cette réforme constitutionnelle, louant un président « actif et efficace », artisan des succès économiques du Rwanda et protecteur de la population. Le tout puissant FPR et ses organisations satellites sont à l’offensive, dans les médias et partout dans le pays, poussant à un débat national.

M. Kagame lui-même est longtemps resté évasif sur la question, se contentant de renvoyer vers le « peuple rwandais », seul à pouvoir exiger un tel changement. Il est crédité des nombreuses avancées du Rwanda depuis le génocide, mais dirige son pays d’une main de fer et est accusé d’étouffer toutes voix discordantes.

Pour René Mugenzi, militant rwandais des droits de la personne exilé en Grande-Bretagne, ces deux millions de signatures ne sont qu’une « mise en scène » orchestrée par le pouvoir, pour que les autorités puissent accréditer l’idée que « le changement constitutionnel est réclamé par le peuple ». Selon cet opposant, beaucoup de Rwandais sont contraints de signer ces pétitions au risque de perdre par exemple leur emploi ou d’être mis au ban de la société.

Deux mandats seulement

La Constitution rwandaise limite à deux le nombre de mandats présidentiels et interdit donc en l’état à Paul Kagame, élu en 2003 et en 2010, de se présenter une troisième fois. M. Kagame est au pouvoir depuis que sa rébellion du FPR a mis fin au génocide de 1994 qui, selon l’ONU, a fait environ 800 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.

Vice-président et ministre de la Défense après le génocide, il tenait déjà alors les rênes du pays, avant d’être élu président en 2003 avec 95 % des voix, et réélu tout aussi triomphalement (93 %) en 2010.

La Constitution, adoptée en 2003, ne mentionne pas formellement une réforme par voie de pétition. Selon ce texte, l’initiative d’une révision revient au chef de l’État ou à chaque chambre du Parlement. Elle sera adoptée à la majorité des trois quarts des deux chambres, et doit être suivie d’un référendum populaire.

Avec Afp

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