Le commissariat de police du 2e arrondissement a interpellé le dimanche 21 décembre dernier, Mahamadou Sow, marabout et maître coranique à la suite de la plainte du père de l’un des pensionnaires de son école coranique. Le gosse de 5 ans à lui confié pour apprendre le saint coran s’était subitement évanoui en perdant l’usage de ses jambes. Evacué aux urgences de l’hôpital régional Alphousseyni Dao, les médecins ont diagnostiqué un patient affamé, amaigri, le corps zébré de traces de fouet et couvert de nombreuses plaies. L’enquête ouverte permettra aux investigateurs de découvrir qu’en plus des sévices corporels qu’il lui infligeait, le marabout, maître coranique extrayait le sang de son élève pour écrire ses textes coraniques.
Faut-il croire que les écoles coraniques sont entrain de devenir des centres de torture pour les petits enfants inscrits pour apprendre théoriquement le saint coran et la religion ? Récemment, Malijet rapportait le calvaire de ces enfants élèves coraniques, âgés de 5 à 16 ans fouettés, enchaînés et affamés par Adama Guindo, leur maître à Ouenzindougou à la périphérie de la Commune IV du district de Bamako. Il a fallu une plainte d’une ONG de défense des droits de l’enfant pour les sauver.
De toute évidence, ce n’était pas un cas isolé puisqu’un autre centre de maltraitance de la petite enfance vient d’être découvert à Kayes, à des milliers de kilomètres de là. Lamine Traoré, notable de la ville avait eu si confiance en un marabout, maître coranique qu’il lui a donné en adoption, son fils N. Traoré, âgé de 5 ans afin qu’il apprenne le saint coran. Ledit maître coranique s’appelle Mahamadou Sow, domicilié au secteur Farada de Kayes N’Di Elevage, né il y a 50 ans à Kirané dans le cercle de Yelimané de Silama et de Douka Niakaté, marié et père de neuf enfants. Le dimanche 21 décembre dernier, quand le petit ayant perdu l’usage de ses jambes s’est évanoui, il décrocha son téléphone pour informer Lamine de ce que « Dieu a fait son œuvre ».
Ce sont ses mots. Le marabout avait pensé que son élève est décédé. Le père de celui-ci se précipite sur les lieux pour l’évacuer aux urgences de l’hôpital Alphousseyni Dao. Ici, le médecin a diagnostiqué une paralysie consécutive à un affaiblissement causé par la faim. Le gosse était amaigri. Son corps zébré de traces de fouet était par ailleurs couvert de plaies en divers endroits, mais il n’était pas mort encore comme le croyait son maître. L’affaire fut portée devant le commissariat de police du 2e arrondissement qui a interpellé le tortionnaire et ouvert une enquête. Celle-ci a permis de découvrir le cynisme de Mahamadou qui couvait ses neuf enfants nés de lui, mais maltraitait les autres enfants sous sa garde. Le petit N.T. ne mangeait pas à sa faim et il était chaque fois fouetté.
A ceux qui s’en mêlaient, le marabout leur répliquait que c’est son père qui le lui a confié. Les enquêteurs ont aussi découvert que les plaies que porte le gosse sont des traces de seringue que son maître utilisait pour extraire son sang et écrire ses textes coraniques comme si c’était de l’encre. Le marabout maître coranique est déféré. Quant à sa victime, même sa vie était sauvée apprend t-on de source médicale, il pourrait perdre à jamais l’usage de ses jambes. En voici un sujet qui vaut de loin plus qu’un autre la peine de susciter un tollé général et s’il a vraiment une raison d’être, le ministère du Culte doit urgemment ouvrir un dossier sur ces camps de torture, car le droit de l’enfant, convention signée et ratifiée par le Mali, est en jeu.
Sources: onvoitout.net
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