samedi, avril 19, 2025

Rétrospective 2013 : Si l’année 2013 m’était contée,…

Ne ratez pas!

 Que devons-nous retenir de l’année  2013 ?

Faits marquants de l’année écoulée, rétrospective des événements saillants, quelque soit l’expression utilisée, l’exercice au quel nous nous  évertuerons dans cet article s’avère difficile.

En effet, choisir après douze mois des faits dans l’histoire des hommes, peut paraître ridicule en raison de son caractère arbitraire voire très subjectif.

Pourtant, me direz-vous, cette tâche quoi que ardue est devenue un rituel pour tous les médias, ce qui n’altère en rien sa pertinence et sa richesse.

Ainsi, en faisant le pari sur ce risque, nous avons retenu pour vous 04 événements majeurs qui de par leur profondeur nous semble t-ils méritent une analyse minutieuse au titre de l’année 2013 :

      La disparition de Nelson Mandela ;

      La  crise  Malienne et ses ramifications sous régionales ;

       Centrafrique : le retour des coups d’Etat

      Enfin la visite du Président Macky Sall au Fouladou

1-      Mandela et sa postérité :

Le 05 décembre 2013, après avoir bouclé ses 95ans de combat,  Nelson Mandela comme s’il avait rendez-vous avec l’histoire tire sa révérence laissant au monde 05 Mandela (fils) et un continent orphelin de dirigeants politiques exemplaires.  Même s’il aurait gagné toutes les épreuves lui consacrant  une carrière enfin réussie, notre conviction est que nous pouvons résumer l’itinéraire de cette icône mondiale en deux questions.

      Que retenir de Madiba en termes d’héritage ?

      Son legs pourra t-il être perpétué par nos dirigeants politiques pour enfin répondre convenablement aux défis du 21e siècle qui demeurent toujours ceux de la démocratie, de la bonne gouvernance, de la lutte contre toutes formes de haines et d’injustice, de reconnaissance du droit des minorités et des couches les plus vulnérables (femmes, enfants) ?

En attendant de revenir sur ces questions, nous avons voulu vous proposer quelques unes des leçons de vie  qu’il a offerte aux esprits  épris de paix et qui ont une forte résonnance pour la postérité :

« J’ai chéri l’idéal d’une société démocratique et libre dans laquelle nous vivrions tous ensemble, en harmonie et avec des chances aussi égales que possibles pour tous. Cet idéal, j’en ai fait le but de ma vie, je l’ai jugé accessible et j’ai pensé que je pouvais contribuer à la réaliser.

J’ai aussi accepté le risque de mourir pour qu’il se réalise en bravant le courage qui n’est pas l’absence de peur, mais la capacité à la dominer. L’homme brave n’est pas celui qui n’a pas peur, mais celui qui triomphe toujours de sa peur ».

Ces quelques lignes en disent long sur toute la teneur du message lancé aux peuples de tous bords, j’allais dire aux africains. Dans les carnets secrets de l’histoire de l’Afrique du Sud,  et du monde en général, même si les faits ont toujours été dénaturés, spoliés, manipulés, tous au moins retiennent surtout la nouvelle génération, qu’ils doivent leur liberté à l’action de Mandela.

Une preuve de plus pour enseigner aux futures générations l’œuvre de ce plus grand prisonnier Africain et qui pendant 27 ans a su résisté avec abnégation aux sévices et injustices d’une société Afrikaner raciste jusqu’aux bout des ongles.

Cependant, quels rapports établir entre son héritage et le comportement actuel de nos dirigeants ?

Presque rien de concret sinon corruption, accentuation de la pauvreté et des inégalités, détournements de deniers publics, massacres, conflits ethniques, religieux, réseaux de pillage  entretenus par des mafias, xénophobie, coups d’états j’en passe, bref la démocratie ce concept très cher à Rousseau se cherche encore, tant nos présidents pour la plupart ont été de mauvais élèves piétinant à tort et à travers parfois dans une étonnante confusion les règles les plus élémentaires du « vivre ensemble », de la reconnaissance que l’exercice du pouvoir est une question de mesure.

L’on retiendra aussi dans ce registre, la visite de Barack Obama en Afrique du sud et au Sénégal, donnant un coup  d’accélérateur à l’histoire dans cette longue bataille des noirs pour l’accès à l’émancipation.

Près de 6 décennies après la mort du grand pasteur Martin Luther King, certains de ses rêves se sont enfin réalisés. L’investiture d’Obama à la magistrature suprême Américaine en est un bel exemple.

Parmi ses messages, nous avons pris celui-ci :

« Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “ Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres !

NB : Lutte pour la liberté, voilà ce qui animait la volonté de tous  ces illustres combattants quelque soit l’endroit où ils habitaient.

Mais ne l’oublions pas, Mandela est mort au 21e siècle, une époque dominée par la mondialisation dont l’un des crédos est de casser les frontières entre peuples pour faire de l’humanité un village unique.

En acclamant haut et fort cet idéal, l’injustice emprunte les frontières devenues un véritable négoce pour les réseaux et les passeurs de migrants qui visiblement se frottent les mains  quand même naissent partout des barbelés, des murs et un extraordinaire dispositif de surveillance pour ceux qui contre ciel et terre veulent toujours braver les pirogues et déserts pour humer aux délices de l’eldorado occidental.

Ces manquements criards  sont en partie liés aux  énormes dérapages constatés ça et là au sein de nos institutions,  des politiques sociales comme publiques en parfaite inadéquation avec les pesanteurs du moment (lutte contre le chômage, promotion de l’entrepreneuriat local et de l’emploi, réduction des inégalités).

Sans transition, Paul Valérie  affirmait à juste titre que quand l’Etat est faible, le peuple périt.

Rattrapé par ses propres insuffisances, le peuple malien a connu cet épisode douloureux avec le réveillon islamiste né de la révolte populaire en république de Lybie.

En effet, surpris par une poussière de combattants bien armés (37,5 tonne d’arme) ayant échoué à protéger le guide lybien Momar Khadaffi dans le collimateur de la France, au mali, l’Etat n’a pas trouvé d’autres solutions que de baisser les bras livrant sa population au bon vouloir des Djihadistes du MNLA, de AQMI et de ANSARDINE déterminés à instaurer la charia sur toute l’étendue du territoire. Interrogeons les historiens cela s’appelle tout simplement « capitulation ».

2-      La Crise malienne : une brèche à l’insécurité sous régionale :

N’ayant aucune maîtrise du désert du mali qui, il faut le rappeler abrite presque à ce jour, le plus grand nombre d’otages politiques, la crise malienne a surpris plus d’un (déficit de clairvoyance, manque d’attention, incapacité d’y faire face etc.).

Sur ce plan,  quelque soit l’expression considérée, nos dirigeants ont commis  l’immense erreur de ne pas démanteler tous ces réseaux de trafic qui arboraient et faisaient la loi au nord du Mali parfois similaire à une sorte de « No Man Land. »

Faisons un peu de géographie. Le pays a une superficie d’environ 1.240.000 km2 avec 07 frontières (Algérie, Niger, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal, Mauritanie, et Burkina Fasso).

La seule étendue de ce territoire constitue en soi un enjeu qu’il ne faut pas ignorer.

C’est d’ailleurs pourquoi, en profitant du chaos qui régnait depuis avec la hantise d’une faiblesse du pouvoir, la crise va livrer ses premiers secrets le 17 janvier 2013 suite au soulèvement du mouvement touareg qui pour la première fois tient tête à l’armée.

Le 22 mars 2013, l’étau se resserre autour du président Amadou Toumani Touré pourtant démocratiquement élu mais, accusé d’ « incompétence » face à la menace touareg qui chaque jour conquiert de nouveaux terroirs.

Quelle justifications donner au conflit malien ; quelle sera son issue sur la géopolitique sous régionale ?

En ébauchant des réponses qui ne prétendent pas à l’exhaustivité, disons que la question peut être appréhendée à travers 5 argumentaires:

      Mort  des institutions ou affaiblissement pur et simple de l’armée :

L’un des fondements de la crise malienne se trouve dans la question de la sécurité nationale et continentale. D’ailleurs, les analystes politiques sont unanimes à reconnaitre qu’un des motifs de l’échec du régime d’Ahmadou Toumani Touré réside dans l’incapacité de l’armée à faire face à l’une de ses prérogatives les plus primaires : assurer  aux citoyens la sécurité.

A cela s’ajoute l’incapacité pour nos dirigeants, et les lenteurs notées par rapport aux théâtres d’intervention (ECOMOG, UEMOA (manque de moyens, volonté politique, calculs d’intérêts, incapacités stratégiques). L’absence de vision prospectiviste reflète les tâtonnements et hésitations des pays à répondre aux conflits et surtout la nécessité de définir un schéma d’intervention rapide. Honte à ces dirigeants qui n’ont pas honte de faire appel à l’occident pour résoudre leurs problèmes.

      Choc des idéologies religieuses :

Il s’agit aussi d’une guerre ayant une forte portée idéologique  entre des courants religieux (confrontation entre un islam salafiste parfois teinté de wahabisme importé de l’occident et de l’Asie avec la rallonge d’al Qu’aida et un islam soufi local, confrérique  considéré par les fanatiques  comme un islam souillé ; de réelles distorsions dans l’interprétation des textes sacrées). On oublie aussi que les groupes ayant investi cet espace sont très composites (une branche du GSPC (groupe salafiste pour la prédication et la culture), front islamique du salut, AQMI, MNLA, ANSARDINE). 

      Argument culturel :

Echec d’un modèle de médiation entre la culture et une vision de l’islam plutôt radicale. L’envie d’appliquer la charia à la lettre se heurte ici à l’extrême pauvreté des populations confrontées chaque jour à la survie et obligées d’opter pour un islam plutôt communautaire axée sur des réseaux de solidarité.

      Argument économique :

De Gaulle disait que : « Les pays n’ont pas d’amis mais, des intérêts ». Il est vrai que l’intervention Française a  été vite applaudie par l’opinion publique et politique malienne, par la population qui vite essoufflée par les exactions des islamistes, n’avait pas d’autres alternatives que d’applaudir les forces Françaises venues la libérer.

Mais, au-delà, de cet avantage très apparent voire simpliste, nombreux sont ceux qui oublient le versant économique.

En réalité, l’intervention Française s’explique par le souci de préserver l’uranium Nigérien, un pays limitrophe du mali dont il faut surveiller comme du lait sur le feu.

Pour avoir la tête tranquille, il faut veiller à la sécurité de ce cordon contre toutes formes d’infiltrations et de perturbations, pour s’entourer de toutes les garanties dans l’exploitation de ses gisements d’uranium qui constituent l’essentiel de la production d’électricité dans le pays de François Hollande (énergie nucléaire et pétrole).

      Argument géostratégique :

Le mali,  malgré sa pauvreté  a jusque là été une vitrine de la démocratie Africaine. Avec l’étendue de son territoire, la crise va secouer presque toute l’Afrique de l’ouest y compris le Sénégal qui désormais, qu’on veuille ou non l’entendre est en état d’alerte.

Tous les pays Africains doivent tirer une leçon de cette crise qui au font regroupe une constellation d’enjeux (Gouvernance politique, religieuse, militaire, culturelle, nécessité de redéfinir de nouveaux modèles de projets de sociétés plus adaptés aux enjeux de la modernité  et aux aspirations des populations etc.).

3-      Centrafrique : Conflit ignoré ou coup d’état à la démocratie :

Oubliée  volontairement ou non par l’opinion publique nationale et internationale, la question centrafricaine refait surface suite au coup d’état perpétré par Michel Djotodia le 24 mars 2013, avec l’appui du Séléka, une coalition de groupes rebelles décidés à chasser le malheureux François Bozizé.

Tenez, le pire est que,  malgré  moult appels d’aide d’urgence lancés à la France pour éviter l’irréparable, ce petit pays a été finalement précipité au chaos.

Aujourd’hui, la guerre qui avait à ses tout débuts un relent purement politique a pris une tournure  simplement religieuse mettant aux prises musulmans et chrétiens.

Faut-il aussi rappeler que,  même sous l’intervention de la France, les populations avec les pillages, tueries sauvages et épurations ethniques qui font  le lot de leur quotidien, se sont parfois organisées en groupes armés pour assurer leur propre sécurité dans les quartiers de la capitale Bangui.

Un autre facteur non moins important est qu’en l’absence d’institutions de régulation (gouvernement de référence), les chefs de bandes, les mercenaires se sont emparés de la situation.

A ce titre,  une source diplomatique française rappelle  que la situation a motivé la présence de mercenaires tchadiens, soudanais, d’une portion de l’armée de résistance du seigneur (LRA) de l’Ouganda, sans compter l’arrivée d’une aile des Djihadistes chassés du Mali ainsi que d’une branche de Boko Haram.

Qui plus est, le problème centrafricain rappelle encore et dans une toute autre perspective, la résurgence des coups d’état. En 1998, dans les éditions Seuil, Feu Ahmadou Kourouma publiait un roman presque politique intitulé : « En attendant le vote des bêtes sauvages ou le portrait et le procès du machiavélisme Africain ».

En partant de micro-récits tournant en dérision le quotidien de nos dirigeants politiques, utilisant le mode épique, Kourouma nous invite à  redécouvrir une sorte d’initiation au machiavélisme version Africaine le tout dans une sorte de mise en scène où le mensonge, le détournement, le vol, le despotisme et la mégalomanie sont érigés en vertus cardinales.

2013 aurait été également pour les Koldois, une année de découvertes et de promesses avec la visite du premier président Sénégalais,  né à l’ère  des indépendances ; Macky Sall.

4-      Macky Sall à Kolda : le sens d’une visite :

Plaçant son déplacement sous le signe de l’innovation et de la rupture par rapport à son prédécesseur Maître Abdoulaye Wade, Macky en foulant le sol du Fouladou un Mercredi 17 Avril 2013 entendait avec son équipe mettre en branle son programme Yoonu Yokhuté.

Pendant près de 03 jours successifs la vie des populations était au ralenti. L’initiative avouons le est très porteuse. Pour preuve, durant ces moments, la décentralisation du conseil des ministres a été une occasion inédite pour passer au peigne fin le diagnostic de tous les secteurs (agriculture, élevage, éducation, artisanat, tourisme, infrastructures) en partant des potentialités et contraintes  locales propres à la région.

Au menu des actions concrètes envisagées, et en cours d’exécution, notons le lancement des travaux du millénium challenge account (MCA) qui visiblement n’est plus à ce jour une simple œuvre de promesse.

Les travaux y afférents permettront de désenclaver le sud allant de Vélingara à Ziguinchor.

Côté énergie, dans le cadre de l’électrification rurale, l’ASER couvrir 106.600 ménages d’ici à 2015.

Ce programme prévoit de raccorder dans les départements de Vélingara et de Médina Yoro Foula 20.500 ménages pour un coût estimé à environs 8 milliards de franc CFA selon les propos du Ministre de l’énergie Aly Ngouille Ndiaye.

Globalement, l’année 2013 a été pour les témoins vivants des événements que nous sommes, une année de chocs politiques, religieux, idéologiques, de soubresauts nous plongeant parfois entre espoirs et craintes quant à l’avenir de nos sociétés. L’évidence est que, si cette dynamique n’est pas maîtrisée, ce qui est tout à fait une possibilité, elle peut vite dégénérer en conflit sous-régional.

Or, l’édification d’une société juste et équitable est un devoir qui appel à la vigilance de tous.

L’Afrique, surtout celle de l’ouest menacée par l’insécurité doit travailler à la réalisation de cet objectif plus que noble pour imprimer sa part à la construction du continent.

Ghansou Diambang, Sociologue et travailleur Social

Enda Santé/Kolda : Email : gdiambang@koldanews.com

Port : 77 617 48 12 ; 70 864 27 65

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.

Articles récents

Pérennisation des cantines scolaires : CICODEV mène le plaidoyer à Kolda

Kolda, a accueilli jeudi dernier une journée de plaidoyer en faveur de la pérennisation des cantines scolaires. Organisée par...

Notre sélection pour vous