mardi, avril 15, 2025

La solitude du pouvoir

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Le fossé se creuse entre le Président et les familles religieuses car toute dissension entre lui et les guides religieux, trouvera  un terreau déjà fertile pour croître. L’histoire récente de son ascension à la magistrature suprême avait été émaillée d’une hostilité annoncée envers la classe maraboutique. On lui avait prêté la déclaration selon laquelle, ceux-ci étaient des citoyens comme les autres.

Vrai ou faux, dans tous les cas, on a pu constater que beaucoup de privilèges qui leur avaient été conférés par le précédent régime ont en tout cas disparu comme le bénéfice d’un passeport diplomatique. Il est vrai que si l’on s’en tient aux seuls textes, qui régissent la matière, ils n’y ont pas droit. Mais le pouvoir discrétionnaire aurait du suppléer une telle carence. Là ou un fonctionnaire peut bénéficier d’un tel sésame, on aurait pu l’élargir aux personnes qui peuvent se targuer d’être le guide vénéré de milliers de sénégalais.

Quelque soit l’analyse que l’on peut en faire, les guides et chefs religieux au Sénégal, par leur rôle doivent avoir une assise de choix dans notre société. Il vaut mieux s’abstenir de faire de la politique au Sénégal si on ne peut pas comprendre cela. Même si les marabouts ne font pas partie du pouvoir, ils exercent un pouvoir que le pouvoir ne peut ignorer sans se perdre.

Le discours de la neutralité dans les affaires politiques semble de plus en plus être remis en cause au niveau le plus élevé des religieux. Après les salves de Tivaouane sur l’eau, sont venus des missiles de Touba sur les terres de Poût. Il sera difficile  de faire croire que le Préfet de Thiès ait pu prendre la décision de permettre la reprise des travaux de l’usine de Dangotte sans s’en référer au ministre de l’intérieur compte tenu de la sensibilité de la question et que ce dernier ne s’en ouvre pas au Chef de l’Etat. Si tel était le cas, le Président devrait commencer à se faire du souci sur la loyauté et la perspicacité de ses collaborateurs, car le conflit ainsi ouvert n’est pas prêt de s’estomper. Donc si les travaux ont repris, c’est sa responsabilité aux yeux des concernés.

Faire le chemin inverse et annuler l’autorisation de reprise des travaux, reviendrait à créer une vague d’incertitude chez tous les investisseurs car on aura montré l’image d’un Etat indécis et versatile. Nos partenaires extérieurs n’ont pas les mêmes paramètres que nous et ne comprendraient pas. L’effet boomerang serait dévastateur, car les implantations étrangères ne seraient plus considérées comme étant en sécurité dans notre pays. En ayant été contraint de monter au créneau pour jouer les sapeurs pompiers dans l’affaire DP WORLD, le chef de l’Etat a déjà expérimenté l’inconfort d’une telle position, au-delà des fausses déclarations de triomphe qui ont été faîtes dans cette affaire.

Maintenir la décision, équivaut à aggraver le conflit désormais ouvert entre lui et la famille de feu Serigne Saliou. Le Président peut être sans s’en rendre compte, est en train de se mettre à dos, la communauté religieuse la plus importante et la plus soudée du Sénégal. Pour des milliers de nos compatriotes, la volonté de l’Etat n’est rien d’autre que la volonté du chef de l’Etat, et donc il est forcément responsable de ce qui arrive. A contrario, le fameux mberndel octroyé au détenu le plus célèbre de notre pays, sonne comme une bénédiction pour ne pas dire une désapprobation.

On nous apprend en géographie que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. A ce rythme, on va droit vers l’apparition d’un grand fleuve ou se noieront toutes les ambitions de postérité politique pour l’actuel régime.

La succession des événements fragilise chaque jour le pouvoir  actuel et renvoie à cette déclaration du chef de l’Eta qui disait en substance ne pas craindre de ne faire qu’un mandat. Les effets désastreux d’une telle déclaration sont à venir, et la plus immédiate c’est d’avoir ouvert la voie à la demande de sa démission par certains. Une telle requête pourrait s’amplifier si on y prend garde, car le yoonu yokkuté a dû mal à convaincre et n’a pas empêché le pessimisme et la résignation qui s’exprime à travers l’expression du moment deuk bi dafa Macky. Symboliquement, le peuple a baptisé le dernier billet de banque de la BCEAO qui est le billet de cinq cent francs « macky ». C’est le billet de banque qui a le pouvoir d’achat le plus faible. Ce sont ces petites choses dont on rit et qui finissent par avoir un très ancrage populaire qui finissent toujours par ronger et détruire un régime. La bonne lecture politique à faire de ce phénomène dont on rit chaque jour.

En attendant comme il n’était pas allé à la rue comme le disait à leur manière et en substance des jeunes de Y’EN A MARRE, la rue vient à lui  et ce, avec tous les dangers que peuvent revêtir la cristallisation des mécontentements sociaux.

Le paradoxe politique réside dans le fait que pendant que la coalition présidentielle se disloque lentement et surement, l’opposition politique est entrain de s’unir sur le slogan le plus connu ou le seul connu des politiciens sénégalais à savoir se liguer pour expulser le locataire du Palais.

Les jeunes sans expérience politiques du parti au pouvoir qui s’agitent pour prendre sa défense n’ont peut être pas encore compris que les contre manifestation n’ont jamais été politiquement payantes. Le défunt régime l’a appris à ses dépens. Qui ne se souvient pas des démonstrations de force du PDS à la veille de perdre le pouvoir.

Le seul allié sûr est l’assise légitime et populaire qu’on aura bâtie en étant au pouvoir auprès des masses silencieuses. Malheureusement, un Président sous nos yeux devient très vite sourd et aveugle. On ne lui montre que ce qu’il veut voir, on ne lui rapporte que ce qu’il veut entendre, je voulais dire ce que l’on veut qu’il voit et ce que l’on veut qu’il entende. C’est ce que nous appelons la solitude du pouvoir qui vous emmure chaque jour dans une tour d’ivoire ou  vous finirez par devenir prisonnier à la merci de on qui se sera ainsi donné les moyens d’exercer de fait le pouvoir. Il ne se rend compte malheureusement de la rupture avec le peuple quand le mal est devenu incurable.

La routine qui s’est installé n’augure pas des lendemains prometteurs auxquels on avait voulu s’attendre avec la mise en place du second gouvernement. Le marasme est toujours là, et la fête de Tabaski jadis source de joie et de quiétude s’annonce dans la détresse des populations.

On est encore loin du Sénégal qui gagne, on est dans le Sénégal des complaintes et des réclamations. Le discours officiel ressemble à un chapelet de vœux pieux qu’on égrène continuellement sans aucune prise sur le peuple qui de plus en plus perd espoirs, mais surtout, perd patience.

Le Président malgré ses alliés doit faire face à tout cela et tout seul. On oublie souvent que la solitude du pouvoir finit par vous soumettre au pouvoir de la solitude. Personne ne se reconnaît dans ce que vous faîtes sauf ceux qui profitent de vous.

Samba Ly

Source:.derniereminute

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