En rompant les amarres avec Macky Sall dans le cadre de Benno Bokk Yakaar, Idrissa Seck va constituer une véritable force contre le pouvoir en place. D’autre part, il aura la posture d’un opposant nécessaire au chef de l’Etat. Dans les grandes démocraties, le pouvoir gouverne, l’opposition s’oppose.
Dans la marche des pays démocratiques, il a été constaté que tout pouvoir a besoin d’une opposition forte, capable de contrebalancer le jeu politique et d’avoir un œil sur le parti qui gouverne. Même si le divorce Macky-Idy est mal vu et interprété par les Apéristes, il faut se rendre à l’évidence que c’était la meilleure chose qui pouvait arriver au Sénégal. Car, tant qu’Idrissa Seck était membre de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, il avait les mains liées. C’est pourquoi, en fin stratège, le maire de Thiès avait agité la scène politique, avec des positions radicales à l’endroit du chef de l’Etat. Cette provocation ne pouvait aboutir qu’à la rupture entre les deux alliés d’intérêt. Maintenant qu’Idy a arraché son autonomie, il a une large marge de manœuvre, pour critiquer, à satiété, la gestion de Macky et compagnie. D’autre part, la séparation entre les deux anciens premiers ministres de Me Wade est salutaire, car il faut bien une opposition forte, pour contrôler le pouvoir. Puisqu’il s’agit de deux pouvoirs, l’un aux affaires et l’autre en retrait, l’un doit bien arrêter l’autre. C’est justement dans ce sens que Charles Secondat de Montesquieu disait que «le pouvoir doit arrêter le pouvoir». L’exécutif doit avoir un contrôle sur le judiciaire, le judiciaire sur le législatif et le législatif sur l’exécutif et le judiciaire, ainsi de suite. De la même manière, l’opposition doit être forte pour que son droit de regard critique sur le parti au pouvoir soit inaliénable. C’est cela qui lui permettra de prévenir et d’éviter éventuellement toute dérive des gouvernants. C’est précisément à cela qu’Idrissa Seck va s’atteler. Il faut saluer son courage car, de toute la coalition d’intérêt Benno, il est le seul à avoir pris son courage à deux mains et à dire ce qui ne va pas. Les autres ont préféré s’emmurer dans un silence hypocrite et complice, tressant ainsi des lauriers à Macky Sall. Aussi longtemps que cette façon malsaine de faire de la politique persiste, le pays sera à genou. Il faut donc qu’une opposition forte se fasse sentir, comme le Pds l’était au temps où le Ps était aux affaires. Aujourd’hui, à n’en point douter, le parti d’Idrissa Seck est la première force politique de l’opposition et les surprises qu’il nous réserve risquent d’être de taille. Idy était juste un allié de circonstance et il a jugé que son heure d’aller à la conquête du pouvoir a sonné.
La voie à suivre
La voie à suivre, c’est en cela que se résume toutes les sorties d’Idrissa Seck contre Macky Sall et son gouvernement. C’est en partie face aux critiques venant souvent des membres de la grande coalition présidentielle : Idrissa Seck, Landing Savané, Cheikh Tidiane Gadio, et tout récemment, Ibrahima Fall dénonçant le manque de vision de l’actuel régime avec une situation économique morose, que des changements sont intervenus, notamment, le récent remaniement du gouvernement. Ils ont tous sonné l’alerte à temps, très tôt d’ailleurs jusqu’à ce que l’opinion reconnaisse leur claire vision. Ils pouvaient se murer dans un silence coupable, comme le cas souvent des courtisans et autres proches immédiats qui empêchent souvent le président de voir et de connaitre la réalité du pays. C’est fort de cet élément que l’on est amené à dire que l’opposant Idy est un adversaire nécessaire pour Macky. Car, toutes ses sorties à l’endroit du gouvernement sont prises pour de la mauvaise parole, pour des critiques, alors que même au sommet de l’Etat, on se rend à l’évidence que ces paroles ne sont rien d’autres que de bons conseils. L’attitude du maire de Thiés montre d’emblée qu’on ne gère pas un Etat avec ses émotions et en tâtonnant, face à un peuple qui nourrit beaucoup d’espoir, depuis le départ de Me Wade.
Sekou Dianko DIATTA