Fin de matinée, Pikine. La Thiate (cadette, en wolof) de l’émission «Wareef» de la Tfm donne rendez-vous chez sa belle mère, au milieu des vrombissements de moteur des «cars rapides». Sourire en coin, très décontractée et sous le regard attendrissant de son mari, Zeyna se prête au jeu de questions-réponses de Recto-Verso de Rewmi. De «Millenium star» à son expérience à la Tfm, Seynabou Diouf, à l’état civil, retrace son parcours, sa nouvelle vie de femme au foyer et ses projets futurs.
Vous avez été lancée par «Millénium star». Comment étiez-vous arrivée à cette émission qui était diffusée par la Rts ?
J’ai peut-être eu de la chance. J’ai suivi la première saison, c’était en 2005 ou 2006, j’étais en terminal. J’étais trop jeune pour y participer. Je devais avoir 18 ans. Mais deux ans plus tard, alors que j’étais devant la télévision à Rufisque, j’ai vu la bande annonce de la deuxième saison. Sur le coup, j’ai sauté comme pas possible comme si j’étais déjà prise dans l’émission. Le plus drôle et avec toute cette joie, je n’avais même pas de crédit. C’est le chauffeur de mon oncle qui m’avait prêté son téléphone pour que je puisse m’inscrire au casting. Quelque temps après, on m’a convoqué avec plus de 900 autres filles. Heureusement, ils avaient besoin de 30 filles pour le casting final, et j’en faisais partie. Coup de chance aussi, j’ai été parmi les quatre retenues pour démarrer l’émission. Mon parcours dans l’émission a pris fin en demie finale. Après l’émission, j’avoue que c’étais un tout petit peu difficile, j’étais encore très jeune et ma mère voulait que je continue mes études, alors que j’avais qu’une chose en tête : faire de la télé. Je fatiguais tout le monde avec cette envie de faire de la télévision. Et tous les jours j’écrivais de nouveaux concepts pour ça.
L’émission vous a-t-elle ouvert les portes des chaînes de télévision ?
Malheureusement après «Millénium star», il n’y a pas eu de suivi. Il fallait donc se débrouiller toute seule. C’est comme cela que j’ai atterri à la 2STv où j’ai fait huit mois sans vraiment animer une émission. On s’est juste arrêté à des émissions pilotes et une bande annonce. Deux mois après mon départ de la 2STv, la Tfm m’a ouvert ses portes. Moustapha Diop (ex directeur général de la Télé) m’a appelée pour me dire : ‘’on a une nouvelle émission de société, mais on aimerait qu’elle soit différente de ce qu’on a l’habitude de voir, en y apportant une nouvelle touche qui sera peut être toi’’. Il m’a demandé de passer le casting et le soir, j’étais prise. Mon rôle dans cette émission, c’est de représenter la jeunesse dans un débat de couleur entre les adultes et les jeunes. Je pense que j’ai eu beaucoup de chance parce que de toutes les filles de «Millénium Star», je suis la seule à être constante à la télévision. Je suis à la Tfm depuis 2010, cela veut dire trois ans aujourd’hui.
«On m’a appelée plusieurs fois pour me dire : «il parait que tu as un bébé que tu caches, et c’est ce untel qui est le père de l’enfant». Ce genre de chose arrive tout le temps, mais j’essaye de faire avec.»
Comment s’est passée votre première émission ?
C’était avec Carlou D. Cette nuit-là, je n’avais pas dormi, tellement j’avais hâte de me voir à la télévision le lendemain. Le jour du passage de l’émission, j’étais surexcitée comme si j’avais bu des litres de boissons énergisantes. Après toute cette euphorie, quand les gens dans la rue m’accordent une certaine importance, à la limite je suis mal à l’aise et très gênée. Parce qu’en dehors de ce que je fais sur le petit écran et hors de ma famille, je suis quelqu’un de très timide. Quelques fois, je me demande même si je mérite toute cette attention.
Qu’est-ce que cette célébrité a changé dans ta vie ?
Quand j’ai commencé à faire de la télévision, j’étais très jeune et m’amusais avec mes amis. Je sortais tout le temps, mais là je me suis dit : ‘’Eh Zeyna, il faut que tu arrêtes parce que quand même tu commences à être reconnue dans la rue.’’ J’ai arrêté de mettre des robes super courtes pour sortir. J’ai aussi arrêté de faire n’importe quoi, genre : «je m’en fous, je connais personne et personne ne me connaît». J’ai commencé à faire attention à ce que je fais. Maintenant, je peux rester toute une année sans sortir, au point que je ne sais plus ce qui se passe dans Dakar. Cela me fait parfois un peu mal, j’aurais bien aimé comme tout le monde m’amuser.
Célébrité rime souvent avec rumeurs. Avez-vous été victime de rumeurs ?
C’est sûr que les rumeurs vont circuler. Surtout avec les mecs qui iront raconter par exemple : «celle-là, c’était ma petite copine, et je la connais très bien». On m’a appelé plusieurs fois pour me dire : «il parait que tu as un bébé que tu caches, et c’est ce untel qui est le père de l’enfant». J’ai entendu pas mal de trucs. Ce genre de chose arrive tout le temps, mais j’essaye de faire avec. Sur le coup, cela me fait mal parce que je suis de nature très impulsive, mais finalement je digère en me disant que c’est la rançon de la célébrité. Je l’ai voulue, alors je l’assume et je l’accepte.
Comment s’est passée votre intégration à l’émission «Wareef» ?
Au début, pendant les trainings, il y avait tata Déguène Chimère Diallo et moi. Trois jours après, Papa Ndiaye Lô Ndiaye est venu et l’intégration s’est faite naturellement. Je suis avec mon «papa» et ma «maman». J’écoute souvent leurs conseils, mais, je ne vous le cache pas, au début, le vieux quand il parlait, c’est comme s’il me parlait du chinois, je ne comprenais absolument rien. J’ai mis du temps à interpréter ses paroles.
«J’ai eu un clash avec Ndiaye Lô Ndiaye. J’étais vexée et énervée. Sur le plateau, il me répétait : «tu ne sais rien», et je lui ai répondu : «si j’étais aussi nulle, on ne m’aurait pas mise sur ce plateau».
Vous est-il arrivé d’aller au clash avec lui ?
Oui, c’est une fois arrivé, en dehors des caméras. Ce jour-là sur le plateau, j’étais super vexée et énervée. Après l’émission, j’ai pleuré à chaudes larmes au moins pendant deux heures. J’avais le maquillage qui coulait. C’était lors du débat «Magg matt na bayi thie rew» («un vieillard qui disparait est une bibliothèque qui brûle»), à l’ouverture de la deuxième saison. Il était campé dans sa position et moi j’étais d’avis que ce ne sont pas tous les vieux d’aujourd’hui qui méritent ce privilège. Sur le plateau, il me répétait : «tu ne sais rien». Une phrase qui avait fini par me vexer, et je lui ai répondu : «si j’étais aussi nulle, on ne m’aurait pas mise sur ce plateau». Finalement, le problème a pris une ampleur très difficile parce qu’il se voyait dans tout ce que je disais. Et il y a eu pas mal d’émission dans lesquelles je me suis sentie très mal, surtout avec les téléspectateurs qui appelaient pour dire que j’étais indisciplinée. Heureusement, ces cas de figure arrivent de moins en moins.
Les positions que vous défendez sur le plateau sont-elles le fruit de convictions fortes ou dictées par le concept de l’émission ?
Il arrive même que je développe des arguments dont je ne suis pas convaincue. Si la majeure partie de jeunesse pense comme ça, c’est ce que je dois développer sur le plateau. Sans moi, «Wareef» deviendrait comme toutes les émissions de société qu’on voit sur les autres chaînes de télévision. C’est vrai aussi que quelque fois c’est un peu difficile du fait que ce sont des grandes personnes et que cela ne fait pas partie de mon caractère, c’est un peu compliqué pour moi. Mais on fait en sorte que chacun comprenne son rôle.
A un moment donné, on ne vous voyez plus sur le plateau de «Wareef». Pourquoi ?
On avait diminué mes heures pour «Wareef» pour que je puisse faire d’autres émissions. Je faisais par exemple «Sea Plazza week show», qui était une excellente émission. Mais, je l’avoue, jusqu’ici je ne fais pas une émission où je me retrouve. Ce n’est peut-être pas encore le moment. Je suis très jeune et j’ai encore la vie devant moi. Ce qui ne veut pas dire que je suis dans mon coin à attendre que tout cela vienne à moi.
Il y a eu la bande annonce d’une émission que vous étiez censée présenter et qui n’est jamais passée, «Gospel Show». Qu’est-ce qui s’est passé ?
«Gospel Show» est juste en stand by. Je ne compte pas l’arrêter parce que je trouve que c’est une excellente émission, surtout pour la communauté chrétienne sénégalaise. Mais c’est une grosse production aussi et il faudra attendre que les programmes se désengorgent un tout petit peu. Avec «Sen p’tit galé», on ne peut pas avoir deux grandes productions et si tout va bien et qu’on trouve les sponsors, j’en discuterai avec la production et le directeur des programmes pour le faire au mois de janvier et le terminer avant le carême.
«J’ai mes astuces pour séduire mon mari. Mais la plus grande de mes astuces, si je la dévoile, j’ai peur que cela ne marche plus.»
Si vous n’aviez pas fait télévision qu’auriez-vous fait ?
J’aurais pu être hôtesse de l’air. Ma mère a dépensé des millions pour que je le devienne. Je serais peut-être beaucoup mieux payée qu’à la télé, mais à un moment donné, je me disais que je suis une Sénégalaise qui aspire à avoir une vie de famille stable et comme je suis de nature jalouse, être hôtesse de l’air ne m’arrangeais plus. Des moments difficile à la télé, il y a en eu, mais pas au point de me dire que je regrette d’avoir choisi ce métier. Il y eu des moments où je me suis demandais s’il ne valait pas mieux arrêter et faire autre chose mais jamais au point de regretter ma carrière d’animatrice.
Vous êtes maintenant mariée. Comment avez-vous connu votre époux ?
Je suis mariée depuis six mois. Je connais mon mari depuis 8 ans, il était mon grand ami. On faisait pratique tout ensemble, mais cela ne nous a jamais effleuré l’esprit de sortir ensemble. Je venais presque tout les jours chez lui, où je déjeunais et dinais. Et quand sa copine venait lui rendre visite on l’accompagnait ensemble quand elle rentrait. Finalement, on est juste sorti un mois avant qu’il ne demande ma main. Je peux dire que le fait que je le connaissais avant a beaucoup joué.
Quels sont vos astuces pour garder votre homme ?
J’ai un mari très spécial, qui ne m’impose pas certains trucs à la sénégalaise. Comme on était des amis avant, quelque fois même j’oublie que je suis avec mon mari. Quand je me préparais pour votre venu, il a lui-même préparé le petit déjeuner. Mais quand même, j’ai mes astuces pour le séduire. Mais le plus grand de mes astuces, si je le dévoile j’ai peur que cela ne marche plus. Mais je dirai juste, qu’il aime quand je m’habille comme avant, quand j’étais plus jeune, style «jump» : jeans, casquette, top et chaîne bling-bling. Là il est super content parce qu’il retrouve la Zeyna qu’il avait connue avant. Quand il est fâché et que je m’habille «jump», sa colère retombe de suite.
Propos recueillis par
Christine MENDY
et Aïssata DIA