BISSAU – Deux policiers cap-verdiens, qui avaient accompagné une Bissau-Guinéenne expulsée de Praia pour trafic de drogue, ont été arrêtés à Bissau pour n’avoir pas respecté les règles en matière d’expulsion, a appris mardi l’AFP auprès de la police judiciaire (PJ) bissau-guinéenne.
Les deux policiers cap-verdiens, détenus dans des locaux de la PJ, n’ont pas respecté les règles concernant l’accompagnement d’un expulsé et ont caché le motif de leur déplacement en Guinée-Bissau, a indiqué Victor Bacurim, directeur de la PJ.
Ils ont été appréhendés lundi à l’aéroport au moment où ils s’apprêtaient à prendre leur vol pour Praia. Ils avaient accompagné à Bissau une Bissau-Guinéenne expulsée du Cap-Vert. Cette femme, une mule ayant transporté de la drogue entre le Brésil le Cap-Vert, était détenue depuis deux mois à Praia, selon M. Bacurim.
Cela faisait une semaine que les deux agents étaient à Bissau, ils sont entrés comme des touristes, ils ont fourni de fausses adresses sur la fiche d’enregistrement (à l’arrivée), et caché le but de leur voyage alors qu’ils accompagnaient une compatriote expulsée de Praia pour trafic de drogue, a expliqué le chef de la PJ.
Nos agents les ont épinglés parce que l’expulsion et l’accompagnement d’un expulsé respectent des règles que les agents cap-verdiens sont censés connaître. (…) Il y a quelque chose de très louche dans cette affaire que nous voulons tirer au clair, a-t-il ajouté, indiquant sans plus de détails qu’une enquête était en cours.
Selon une source policière et un responsable gouvernemental en Guinée-Bissau, la Bissau-Guinéenne expulsée du Cap-Vert n’a pas été présentée aux services de police de Bissau par les officiers cap-verdiens. Elle s’est fondue dans la population et était activement recherchée, d’après la source policière.
A Praia, le Premier ministre cap-verdien José Maria Neves a assuré dans un entretien aux médias d’Etat que les policiers cap-verdiens étaient à Bissau pour raison de mission normale, de service de routine. Pour le moment, (…) nous n’avons pas tous les éléments qui nous permettraient de nous prononcer clairement sur cette affaire. Nous sommes en train de collecter les informations et les contacts nécessaires sont en cours, a affirmé M. Neves.
Nous demandons cependant que toutes les mesures soient prises afin de garantir le respect scrupuleux des droits de nos deux agents de police en Guinée-Bissau, a-t-il ajouté.
Dans une déclaration lundi soir devant les députés à Bissau, le Premier ministre bissau-guinéen Rui Duarte Barros avait évoqué l’affaire des policiers cap-verdiens arrêtés. Il avait dénoncé leur attitude et estimant que leur geste traduisait un mépris du Cap-Vert envers les institutions bissau-guinéennes.
Tous deux membres de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), le Cap-Vert et la Guinée-Bissau sont liés par une histoire commune. Les deux pays ont mené ensemble leur lutte pour l’indépendance obtenue du Portugal en 1974 pour la Guinée-Bissau, l’année suivante pour le Cap-Vert.
Leurs relations se sont tendues après le coup d’Etat militaire d’avril 2012 en Guinée-Bissau, suivi par la désignation d’autorités de transition que ne reconnaît pas le Cap-Vert.
Selon des observateurs, l’arrestation des policiers cap-verdiens risque de détériorer encore la situation.
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(©AFP / 16 juillet 2013 21h53)