Le président américain Barack Obama a rendu hommage hier à Dakar, première étape de sa tournée africaine, à l’ex-président sud-africain Nelson Mandela, au moment où il lutte pour sa survie. Mandela « est un de mes héros. Je crois qu’il est un héros pour le monde entier, et le jour où il quittera cette terre, son héritage continuera à vivre à travers les âges », a déclaré M. Obama qui doit se rendre aujourd’hui en Afrique du Sud, prochaine étape de son périple africain avant la Tanzanie.
Interrogé par des journalistes américains, le président Obama a par ailleurs salué comme « une victoire pour la démocratie américaine » la décision de la Cour suprême, prise la veille, en faveur du mariage gay aux États-Unis. Il en a profité pour apporter son soutien aux homosexuels persécutés dans l’écrasante majorité des pays africains, hormis l’Afrique du Sud où le mariage gay est autorisé. « Mon opinion est que, quels que soient la race, la religion, le genre, l’orientation sexuelle, face à la loi, tout le monde doit avoir les mêmes droits », a-t-il affirmé. Mais, présent à ses côtés, le président sénégalais Macky Sall lui a répondu que bien que « très tolérant », son pays n’était « pas encore prêt à dépénaliser l’homosexualité ». Il a récemment exclu l’adoption d’une loi autorisant l’homosexualité au Sénégal, exigée par des organisations de défense des droits de l’homme.
Hormis cette divergence, MM. Obama et Sall ont dit avoir en commun les mêmes valeurs concernant « la démocratie » et « la bonne gouvernance ». « Le Sénégal est une des démocraties les plus stables d’Afrique et un de nos partenaires les plus forts dans la région », a affirmé M. Obama. Ce pays « va dans la bonne direction grâce à des réformes pour renforcer les institutions démocratiques », a-t-il affirmé, ajoutant : « Je crois que le Sénégal peut être un formidable exemple » pour le reste du continent.
Ex-colonie française indépendante depuis 1960, le Sénégal n’a jamais connu de coup d’État, ce qu’a tenu à saluer M. Obama. Le Sénégal fait figure d’exception en Afrique de l’Ouest, une région frappée par les violences politiques et militaires, en particulier au Mali voisin, plongé dans la crise depuis un coup d’État en mars 2012. Celui-ci a précipité la chute du Nord malien aux mains de groupes islamistes armés liés à el-Qaëda et entraîné une intervention militaire franco-africaine pour les en chasser.
Dans l’après-midi, M. Obama et sa famille devaient se rendre sur l’île de Gorée, au large de Dakar, où ils visiteront la Maison des esclaves et sa célèbre porte du « non-retour » d’où sont partis vers les Amériques des milliers d’Africains arrachés à leur terre. Une visite doublement symbolique pour les Obama : ils ont du sang africain dans leurs veines, et Nelson Mandela, aujourd’hui à l’agonie, s’y était également rendu en 1991, un an après sa libération des geôles du régime raciste de l’apartheid, trois ans avant son élection comme premier président noir d’Afrique du Sud. « Ce lien entre Obama, un Américain originaire d’Afrique par son père (kényan), et sa femme, une Afro-Américaine dont les ancêtres viennent d’Afrique », fait que « cette visite des Obama devrait être très spéciale », estimait Eloi Coly, responsable de la Maison des esclaves.
Avant lui, ses prédécesseurs Bill Clinton et George W. Bush s’étaient également rendus sur l’île de Gorée, passage obligé pour tous les visiteurs de marque à Dakar. Arrivé mercredi soir avec son épouse, Michelle, et leurs filles, Sasha et Malia, M. Obama a été chaleureusement accueilli. Les abords du palais présidentiel où ont eu lieu son entretien avec Macky Sall et leur conférence de presse résonnaient du son des tam-tam et des cris de bienvenue des centaines de personnes venues saluer le président américain.
Source : AFP