Dans le cadre de l’instruction ouverte contre l’ancien Président tchadien, Hissène Habré, une délégation des Chambres africaines extraordinaires était en mission à N’Djamena depuis le 22 août passé. De retour au bercail, elle a rapporté des nouvelles qui ne manqueront pas d’apaiser les inquiétudes des victimes du «dictateur» tchadien.
Les complices d’Hissène Habré seront transférés et emprisonnés à la prison du Cap-Manuel. L’information qui va certainement ravir les victimes du «dictateur tchadien» émane de la commission rogatoire des autorités judiciaires des Chambres africaines extraordinaires (Cae) chargée d’enquêter sur l’affaire Hissène Habré. En mission depuis le 22 août passé, la toute première commission rogatoire des Cae dépêchée à N’Djamena depuis l’installation officielle des chambres n’est pas rentrée bredouille au bercail. La pêche a été plutôt bonne pour cette commission qui a rapporté dans sa besace du gros gibier et un bon bol de nouvelles fraîches pour les victimes des exactions d’Habré. Notre source lâche la confidence : «Si le principal intéressé (Hissène Habré) est resté en détention à Dakar, d’autres personnalités politiques et militaires, de nationalité tchadienne, qui sont supposées avoir eu à jouer des rôles très importants dans le dispositif répressif de Hissène Habré, alors président de la République du Tchad, dont Mahamat Djibrine et Younouss Saleh, présentement dans les liens de la prévention suite à une décision de la justice du pays du Président Idriss Deby, ont de fortes chances de rejoindre leur ancien mentor au Sénégal.» Toujours d’après cette source très proche du Cae, «des formalités administratives et judiciaires d’un tel transfèrement auraient été évoquées par le ministre sénégalais des Affaires étrangères lors d’une récente visite au Tchad où il a été reçu par le Président Deby». Des résultats de la première commission rogatoire, il apparaît que d’autres suspects de moindre envergure que les deux susnommés ont été entendus par les juges et/ou OPJ (Officiers de Police judiciaire) sénégalais, mais leur acheminement sur la capitale sénégalaise n’a pas été envisagé. Du moins pour le moment. Ils ont été laissés à la disposition de la justice tchadienne et pourraient y être jugés sans connectivité avec l’éventuel procès de Hissène Habré sur le territoire sénégalais.
Lors de leur mission au Tchad, la délégation conduite par le Procureur Mbacké Fall n’a pas chômé. Après les auditions des différentes parties civiles trouvées sur place, une visite de charniers, des lieux supposés avoir abrité des scènes de torture physique, d’exécutions de personnes et autres exactions a été organisée. Cela, en vue d’opérer d’éventuelles saisies de documents et d’objets en corrélation avec l’enquête ouverte et pouvant servir de pièces à conviction. Sur la base de toutes ces données inhérentes à la constatation des faits délictuels ou criminels retenus à l’encontre de l’ancien chef d’Etat tchadien, au rassemblement des preuves de toutes sortes et à l’exploration d’autres axes d’investigations, la délégation dirigée par le Procureur Mbacké Fall va rédiger un rapport qui sera remis au nouveau ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba. Après l’étape de N’djamena ou concomitamment avec elle, d’autres OPJ se rendront dans d’autres pays africains ou même en Belgique afin de poursuivre l’enquête.
L’Observateur