samedi, avril 19, 2025

Genève : Les négociations sur le nucléaire iranien échouent, la France est pointée du doigt

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Les négociations sur le nucléaire iranien n’ont pas abouti à Genève, dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 novembre, date de la fin du sommet, a affirmé Laurent Fabius au sortir d’une réunion pleinière qui s’était éternisée dans la nuit. « Il y a encore quelques questions qui restent à traiter », a précisé M. Fabius.

Les ministres des affaires étrangères de l’Iran et du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine, qui a dépêché un vice-ministre), se séparent donc après avoir semblé toucher du doigt un accord. Une prochaine session, la troisième depuis l’élection du modéré Hassan Rohani à la présidence iranienne, doit se tenir dans dix jours, le 20 novembre.

L’objectif de ces négociations, dont les termes sont tenus secrets, est de parvenir à un « accord intérimaire », avant de passer à un accord permanent qui permettrait d’encadrer le programme iranien, soupçonné d’avoir une dimension militaire.

Le dialogue avait connu une accélération inattendue vendredi. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, avait interrompu sa tournée au Proche-Orient, et quitté précipitamment Israël pour peser sur les négociations. Les autres ministres du groupe 5+1 avaient également bouleversé leurs agendas. Samedi soir, le président iranien, Hassan Rohani, cité par l’agence Irna, appelait encore les puissances à ne pas rater une « occasion exceptionnelle ».

Suivre le compte-rendu des évènements par Serge Michel, envoyé spécial du Monde à Genève.

Des « progrès accomplis » malgré tout

Mohammad Javad Zarif, le ministre des affaires étrangères iranien, a affirmé ne « pas être déçu » en dépit de l’absence d’accord. « Nous travaillons ensemble et heureusement nous allons être capables de parvenir à un accord quand nous nous rencontrerons à nouveau », a affirmé M. Zarif. Il avait déclaré, plus tôt, dans une interview à la BBC, que la fenêtre de négociation ne serait pourtant pas ouverte indéfiniment.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a, de son côté, salué « les progrès accomplis » dans les négociations, estimant qu’on était maintenant « plus proche d’un accord ». Il a réaffirmé dans une conférence de presse que « les Etats-Unis sont déterminés à ce que l’Iran n’acquière pas d’armes nucléaires ».

« Les réunions de Genève ont permis d’avancer mais nous n’avons pas pu conclure parce qu’il y a encore quelques questions qui restent à traiter », a pour sa part affirmé le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius.

La délégation française sceptique

Samedi, les négociations avaient semblé buter sur la position française, sévèrement critiquée par des diplomates iraniens et occidentaux pour son intransigeance supposée.

Après un entretien avec son homologue iranien, M. Fabius avait estimé, dans la journée de samedi, que « des questions importantes subsist[aient], en particulier sur le réacteur [nucléaire] d’Arak ainsi que sur le stock et l’enrichissement de l’uranium ». Sur France Inter, M. Fabius mettait en garde contre « un jeu de dupes ».

« Nous voulons éviter l’euphorie du verre à moitié plein », précisait-on alors dans la délégation française, en rappelant qu’en 2003 un accord avait été conclu avec l’Iran et avait échoué. Le pays avait alors accepté de geler son programme d’enrichissement nucléaire, soupçonné d’avoir un but militaire, pour le relancer deux ans plus tard.

Les critiques

Cette position solitaire de la France pouvait être une posture concertée avec les partenaires de la France pour obtenir plus de l’Iran. Mais elle a suscité samedi de vives critiques parmi les délégations occidentales.

« Les Américains, l’Union européenne et les Iraniens ont travaillé de façon intensive pendant des mois sur cette proposition et ce n’est rien de plus qu’une tentative pour Fabius de s’immiscer au dernier moment pour jouer un rôle dans la négociation », affirmait un diplomate américain.

Des députés iraniens ont dénoncé, depuis Téhéran, une position qu’ils assimilent à un « chantage ». Ils accusaient M. Fabius de défendre « les positions » d’Israël, qui critique violemment ce possible accord.

Les points de blocage dans la négociation

Au cœur des discussions figure une proposition iranienne de donner des garanties sur son programme nucléaire, sans l’arrêter, durant six mois, en échange d’un relatif assouplissement des sanctions économiques occidentales. Mohammad Javad Zarif a exclu de stopper l’enrichissement d’uranium « dans son ensemble ».

Parmi les questions à régler figure celle de l’avenir du stock de 186 kilos d’uranium déjà enrichi à 20 % par l’Iran. Ce seuil critique permet d’enrichir rapidement l’uranium à 90 %, le taux nécessaire à la fabrication d’une arme nucléaire. Selon certains médias, Téhéran pourrait accepter de geler pendant six mois l’activité de ses centrifugeuses les plus performantes (le pays en compte au total 19 000), dans un geste de bonne volonté.

Le réacteur à eau lourde d’Arak évoqué par M. Fabius représente la deuxième filière qui pourrait permettre à l’Iran d’obtenir une arme atomique, avec cette fois du plutonium. Il doit entrer en service l’été prochain. Une fois qu’il fonctionnerait, il serait très difficile de l’arrêter, selon des experts.

La France a fait comprendre qu’elle attendait également des « clarifications » sur les « perspectives d’enrichissement à long terme » du pays, selon l’expression d’un membre de la délégation. Il s’agit du « droit » revendiqué par Téhéran à continuer d’enrichir à l’avenir de l’uranium à des fins civiles.

Lemonde.fr

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