La France va peut-être connaître enfin la vérité sur le crash de la caravelle Ajaccio-Nice qui avait fait 95 morts en 1968. La justice a donné hier son accord pour étudier la possibilité d’une plongée sur l’épave. Parmi les hypothèses, il y a le tir accidentel d’un missile de la marine française.
Le 11 septembre 1968, une caravelle de la compagnie Air France décolle de l’aéroport d’Ajaccio à 10h09, destination Nice. C’est un vol de routine, 250 kilomètres. La caravelle est à l’époque le fleuron de l’aviation française, un très bon appareil qui restera en service jusque dans les années 90. On le considère comme l’ancêtre des Airbus.
Il y a à bord 89 passagers et 6 membres d’équipage. Dans le cockpit, les deux pilotes et un mécanicien navigant. Dans la cabine, un steward et deux hôtesses. À l’approche de Nice, le temps est beau et ensoleillé. Nous sommes sur la Côte d’Azur et c’est toujours l’été.
Pourtant, à 10h30, alors qu’il est en approche, le commandant de bord prévient la tour de contrôle qu’il a un problème. Il mentionne des ennuis et évoque un incendie à bord. Nice l’autorise alors à prendre la route la plus courte et lui donne toute priorité à l’atterrissage. Il est à 40 kilomètres de l’aéroport.
À 10h32, le commandant annonce qu’il a le sol en vue avec une bonne visibilité. Mais à 10h33, la liaison radio se coupe et l’avion disparaît des radars. Les secours sont déclenchés, les hélicoptères décollent et à 11h22, on découvre à la surface de la Méditerranée une nappe de kérosène et des débris qui ne laissent aucun doute. Il n’y a pas de survivants.
Au cours des mois suivants, des recherches très importantes vont être effectuées. Un bathyscaphe plongera en 1971 et prendra des milliers de photos. On remontera plusieurs pièces de l’avion, dont des morceaux de moteur. Finalement, l’enquête conclura que l’origine de l’accident provient d’un incendie dans les toilettes à l’arrière de l’avion. Mais ni les causes de l’incendie ni la perte de contrôle de l’appareil n’ont pu être établies avec certitude.
À l’époque, on pouvait fumer dans les avions. Il y avait des cendriers dans les accoudoirs et personne n’aurait eu l’idée d’allumer une cigarette dans les toilettes. Les familles des victimes ne se satisferont jamais de ces conclusions, d’autant qu’un terrible doute subsiste. Au moment de l’accident, la caravelle volait à proximité d’un centre d’essai de missiles de la marine française. Très vite, l’armée affirme qu’aucun missile n’a été tiré ce jour-là. Une information démentie dix jours plus tard par une enquête de Paris Match. Un missile aurait disparu, on ne sait pas où.
Depuis, il y a eu de multiples rebondissements judiciaires, mais toujours les ministres de la Défense ont nié une implication militaire. Mais jamais les familles n’ont accepté ces conclusions. La décision prise hier par la justice de plonger de nouveau sur l’épave permettra peut-être de comprendre pourquoi cette caravelle a fait naufrage.