Donald Trump, le 47e président des États-Unis, a tenu des propos chocs sur la guerre en Ukraine. Il affirme, entre autres, que Volodymyr Zelensky est un « dictateur » et que c’est L’Ukraine a commencé la guerre. Comment démêler le vrai du faux ?
Donald Trump a sidéré l’Ukraine. Jamais le président américain n’avait été aussi loin dans ses propos à l’égard de Volodymyr Zelensky, qualifiant le président ukrainien de « dictateur sans élections » et d’homme impopulaire qui ne bénéficierait que de la confiance de 4% de sa population.
Si Donald Trump fait référence au fait que le mandat de Zelensky aurait dû expirer en mai 2024, ces attaques verbales ont provoqué des réactions de colère en Ukraine et de la sidération parmi les dirigeants européens. Faut-il pour autant répondre à chaque attaque de Donald Trump ou mieux vaut les ignorer ?
Fake news ?
D’où vient le chiffre de 4% de confiance sorti par Trump à propos du Zelensky ? Quand Donald Trump dit que Volodymyr Zelensky a une côte de popularité de 4 %, elle est en réalité à 57 %, selon la dernière enquête d’opinion de l’Institut international de sociologie de Kiev. D’où vient ce chiffre de 4 %?
Il a été cité par certains médias russes, renvoyant vers un sondage informel, réalisé via Telegram par le député ukrainien prorusse Oleksandre Doubinsky, sanctionné par Washington en 2021 pour son appartenance présumée à « un réseau d’influence étrangère lié à la Russie ».
Effectivement, il n’y a pas eu d’élection présidentielle en Ukraine, alors qu’elles étaient prévues le 31 mars 2024, mais c’est à cause de la guerre et de la loi martiale. Tous les partis représentés au parlement ukrainien ont marqué leur accord pour un report des élections.
Deux autres affirmations du président américain ont également été reprises aux russes :
– La Russie, qui a « perdu de nombreux soldats » en Ukraine, se serait « battue pour ces terres » et devrait en conséquence pouvoir les « garder »
– Zelensky aurait lui-même commencé la guerre. Là encore, Donald Trump puise dans le récit de l’agresseur russe. Vladimir Poutine lui-même qui avait déclaré en février 2024, dans une interview avec l’animateur conservateur Tucker Carlson : « Ce sont eux qui ont commencé la guerre en 2014« . Or, que s’est-il passé en 2014? La prise de contrôle de la Crimée par les Russes.
La route vers la paix doit être construite sur la vérité
Le conflit s’est ensuite étendu au Donbass jusqu’à l’invasion de l’Ukraine en 2022. L’ex-vice-président américain républicain Mike Pence n’a pas hésité à contredire son ancien patron sur ce point. « Monsieur le Président, l’Ukraine n’a pas « commencé » cette guerre. La Russie a lancé une invasion non provoquée et brutale, faisant des centaines de milliers de morts. La route vers la paix doit être construite sur la vérité« , a-t-il écrit sur X.
Lors de la rencontre entre les responsables russes et américain à Riyad, en début de semaine, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a encore répété les thèses de propagande du Kremlin sur les prétendues causes profondes de la guerre, notamment l’expansion de l’OTAN et la discrimination à l’encontre de la population russophone en Ukraine.
« Gober la propagande de Poutine »
Autre grief porté contre Kiev : Donald Trump affirme que Washington avait donné 350 milliards de dollars à l’Ukraine depuis le début de la guerre, et a accusé Volodymyr Zelensky de ne pas savoir où était passée la moitié de l’argent. L’Institut économique IfW Kiel chiffre l’aide américaine à 114,2 milliards de dollars depuis 2022.
« C’est comme si Donald Trump avait gobé la propagande de Poutine sans broncher« , a résumé Sean Savett, qui était porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche sous la présidence de Joe Biden.
Les propos du président américain ont choqué en Ukraine. « J’ai l’impression que Trump a peur de Poutine« , a réagi Ivan Banias, un militaire de 51 ans interrogé à Kiev. Une autre habitante de la capitale ukrainienne, Svitlana Oleksandrivna, 65 ans, a dénoncé les récits « complètement moscovites, comme si le Kremlin lui écrivait tout« .
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