L’un des services de taxis alternatifs a lancé un service spécial pour les femmes. Dans l’application, elles peuvent commander une course dans une voiture conduite par une femme. L’objectif est d’accroître la sécurité des passagers et des conductrices elles-mêmes. De plus en plus de femmes seraient victimes de harcèlement dans les taxis.
Selon une enquête menée par Bolt, 9 femmes sur 10 ne se sentent pas en sécurité dans les rues la nuit. Mais même dans un taxi, elles ne se sentent pas toujours à l’aise.
Kamila, 20 ans, a également vécu une expérience marquante. « Le chauffeur a commencé à me poser des questions sur ma vie sexuelle, puis il a commencé à décrire comment il avait récemment conduit avec une fille comme moi, et qu’ils étaient allés dans les bois. Je me suis sentie anxieuse, j’étais mal à l’aise… »
Bolt, service de taxis alernatif, a donc récemment lancé un projet « femmes à femmes ». Dans l’application, les femmes peuvent ainsi choisir l’option de rouler avec une femme chauffeur.
« Sécurité et confort »
« Nous voulons accroître le sentiment de sécurité et de confort des deux côtés des utilisateurs », explique Pavla Posledníková, responsable des partenaires chez Bolt pour la République tchèque. « Il y a certainement eu des demandes de la part des passagers, mais je pense qu’il s’agit avant tout d’une inspiration des marchés étrangers où il a déjà été prouvé que cela fonctionne. »
Bien que la police ne tienne pas de statistiques sur le harcèlement sexuel dans les taxis, les résultats d’une enquête menée par une association à but non lucratif sont éloquents : le phénomène n’est pas inhabituel. « Nous avons recueilli des centaines d’histoires différentes, principalement de femmes, qui ont été interrogées par des chauffeurs sur leur vie intime, jusqu’à des stades plus graves où elles craignaient que le chauffeur ne les suive ou qu’elles aient même subi un contact physique », affirme Johanna Nejedlová, directrice de l’ONG Konsent :
« Dans le domaine des délits sexuels, où l’objet de l’agression est une femme adulte, nous avons enregistré un total de 586 cas de ce type l’année dernière, dont la grande majorité sont des délits de viol », poursuit Ondřej Moravcik, porte-parole du présidium de la police de la République tchèque.
Ailleurs dans le monde
Les clients peuvent essayer donc le nouveau service à Prague, mais il existe dans d’autres pays également. En France, le service a été lancé à Nice et Lille début 2025. Il est également prévu dans d’autres villes françaises, avec un déploiement progressif. En Pologne, Uber propose un service similaire, « Uber by Women », déjà en place, et Bolt pourrait également y étendre « Women for Women ».
En Amérique latine, Uber a testé une version équivalente dans plusieurs pays de cette région, ce qui pourrait inspirer des initiatives similaires par Bolt.
Bolt, de son côté, prévoit d’étendre ce service à d’autres villes prochainement.
Quid de la Belgique?
Les cas de harcèlement et d’agressions dans les taxis et services VTC (comme Uber ou Bolt) en Belgique, bien que moins documentés que dans d’autres pays, suscitent des inquiétudes croissantes.
Plusieurs témoignages de femmes relatent des comportements inappropriés ou agressifs de chauffeurs VTC. Par exemple, en 2019; à Bruxelles, Daphné a été victime d’avances insistantes et et un langage dégradant de la part d’un chauffeur Uber. « Le chauffeur répond à un appel téléphonique en haut-parleur, le monsieur lui demande s’il conduit un homme ou une femme », racontait-elle alors à RTL info. « Le chauffeur est gêné, fait semblant de ne pas avoir entendu. Son ami lui répète la question, mais cette fois en utilisant des lettres. Il dit: ‘Est-ce que c’est un H ou une F’, les initiales. Et le chauffeur répond: ‘C’est une S’. Moi j’ai pensé à salope tout de suite. Je n’étais vraiment pas tranquille. Il m’a déposée à bon port, donc j’étais rassurée. Mais juste avant de sortir, il s’est retourné. Il m’a regardée de haut en bas. J’avais des collants. Son regard était vraiment très très sale. »
Des campagnes en ligne, comme le hashtag #UberCestOver, ont permis à de nombreuses victimes de partager leurs expériences, révélant un problème systémique dans les services VTC.