Autrefois célébrée comme une figure moderne et glamour, Asma al-Assad, l’épouse de l’ex-président syrien Bachar al-Assad, est désormais une femme sans véritable refuge. Critiquée pour son rôle controversé aux côtés de son mari, elle est aujourd’hui persona non grata dans la plupart des pays occidentaux.
Née en 1975 à Londres, Asma al-Assad, de son nom de jeune fille Asma Fawaz Akhras, semblait promise à un brillant avenir.
Issue d’une famille syrienne sunnite originaire de Homs – son père cardiologue et sa mère diplomate – elle a grandi dans un cadre privilégié, étudiant dans des établissements prestigieux, dont Queen’s College et King’s College, où elle a obtenu un diplôme en informatique et littérature française en 1996.
Sa carrière dans la finance débute chez Deutsche Bank, avant de rejoindre la banque d’investissement JP Morgan. Asma al-Assad était alors l’incarnation de l’élite londonienne, prête à intégrer Harvard pour des études supplémentaires.
Mais tout bascule lorsqu’elle rencontre Bachar al-Assad à la fin des années 1990. Elle choisit de renoncer à Harvard pour l’épouser en 2000, peu après que celui-ci a accédé à la présidence syrienne.
L’espoir d’une première dame moderne
À son arrivée à Damas, Asma al-Assad bouleverse le rôle traditionnel de première dame. Issue d’une famille sunnite, elle était perçue comme un pont entre la majorité sunnite syrienne et le courant alaouite auquel appartient son mari.
Avec son style raffiné et son engagement apparent pour des causes caritatives, elle se distingue de son prédécesseur, Anissa Makhlouf, la mère de Bachar al-Assad.
Surnommée la « Lady Diana arabe », elle est accueillie avec faste lors de visites à l’étranger et reçoit des célébrités comme Brad Pitt et Angelina Jolie. En 2011, le magazine Vogue la qualifie de « rose du désert », vantant son élégance et son rôle de mère dévouée.
Mais cette image s’effondre rapidement avec l’éclatement de la guerre civile syrienne.
Une figure controversée de la dictature syrienne
Dès 2011, le soutien indéfectible d’Asma al-Assad à son mari face à la révolte populaire lui vaut de sévères critiques.
Alors que les violences du régime plongent la Syrie dans le chaos, elle reste silencieuse, avant que son rôle ne devienne plus controversé.
Des courriels divulgués en 2012 révèlent qu’elle dépense des sommes astronomiques en vêtements de luxe, bijoux et antiquités, alors que la population syrienne souffre de famine et de déplacements massifs. Parmi ses achats figurent des talons hauts Louboutin incrustés de bijoux, pour un montant atteignant 250 000 euros.
Sur le plan politique, Asma al-Assad est accusée d’avoir utilisé son organisation caritative, le Syria Trust for Development, pour détourner des fonds étrangers à des fins personnelles et pour consolider le pouvoir du régime.
En 2020, les sanctions américaines la qualifient de « profiteuse de guerre ».
Une fuite vers Moscou, mais pour combien de temps ?
Fin d’année 2024, quelques jours avant que son mari ne fuie à Moscou, elle part avec ses trois enfants pour la capitale russe, principal allié du régime.
Le couple y possède 18 appartements, mais leur exil soulève des questions.
Selon des médias turcs et arabes, Asma al-Assad envisagerait de quitter Moscou, évoquant un éventuel divorce et une volonté de se rapprocher de sa famille basée au Royaume-Uni. Mais son retour à Londres semble improbable.
Elle n’est pas la bienvenue
Malgré son passeport britannique, Asma al-Assad fait l’objet de sanctions européennes et d’un gel de ses actifs.
David Lammy, chef de la diplomatie britannique, a déclaré récemment : « Elle est visée par des sanctions et n’est pas la bienvenue. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’aucun membre de cette famille ne puisse s’établir au Royaume-Uni. »
Un symbole de déchéance
Autrefois perçue comme un atout pour moderniser l’image de la Syrie, Asma al-Assad est désormais une figure rejetée par la communauté internationale.
À 49 ans, celle qui incarnait l’espoir d’une Syrie ouverte et progressiste est aujourd’hui synonyme de répression et de luxure en temps de guerre.
Pour Asma al-Assad, la chute du régime de son mari s’accompagne d’une disgrâce personnelle.
Si Moscou pourrait lui offrir un répit temporaire, sa présence dans la capitale russe n’en est pas moins un exil symbolisant la fin de son règne de « rose du désert ».