L’usine Solvay située dans la commune française de Salindres, dans le Gard, pourrait être à l’origine de la plus importante contamination au monde d’acide trifluoroacétique (TFA), un « polluant éternel » de la famille des PFAS, révèle mardi une enquête collaborative de la RTBF, Le Monde et France 3.
Ces trois médias font partie du consortium « Forever Pollution Project », qui avait cartographié l’an dernier les sites européens hautement contaminés aux substances per- et polyfluoroalkylés (PFAS). L’usine de Salindres avait été identifiée comme l’un des cinq sites de production de ces substances en France, mais il n’y avait aucune information disponible sur les niveaux de contamination dans les alentours. Pour en avoir le cœur net, l’association Générations Futures a mené ses propres analyses.
Les résultats montrent que le TFA de Solvay s’est répandu dans les cours d’eau avoisinants, de l’Arias à l’Avène jusqu’au Gardon, soulignent les trois médias. Le laboratoire agréé par les pouvoirs publics et mandaté par Générations Futures a identifié une concentration de 7.600.000 ng/L au rejet de l’usine dans l’Arias. À deux kilomètres de là, au confluent de l’Avène, on est encore à 3.900.000 ng/L.
Selon les analyses, le TFA est même arrivé jusqu’au robinet des citoyens. Dans les villages de Moussac et de Boucoiran-et-Nozières, pourtant situés à plus de 20 kilomètres du pôle chimique, on mesure respectivement dans l’eau potable des taux de 18.000 ng/L et 19.000 ng/L.
Ces teneurs en TFA au robinet sont déjà 36 à 38 fois supérieures à la future directive européenne sur l’eau potable, relèvent les médias à l’origine de l’enquête. Cette norme, qui devra être mise en application au plus tard en janvier 2026, établit une limite de 500 ng/L pour la somme de tous les PFAS. Le TFA à lui seul dépasse largement ce seuil.