La justice azerbaïdjanaise a ordonné lundi le placement en détention d’une journaliste d’un média anti-corruption en l’accusant de « trafic de devises étrangères », dans une affaire qui vise déjà cinq de ses collègues.
Le régime azerbaïdjanais, qui ne tolère aucune opposition, multiplie les poursuites judiciaires contre les rares reporters indépendants qui travaillent encore dans ce pays du Caucase riche en pétrole.
Un tribunal a décidé lundi du placement en détention provisoire pour plus de deux mois d’Elnara Gassimova, journaliste d’Abzas Media. La jeune femme rejette les accusations portées contre elle.
Selon elle, « son arrestation est due au fait qu’après l’arrestation de ses collègues d’Abzas Media, elle avait poursuivi son travail journalistique », a expliqué à l’AFP son avocat Bahrouz Baïramov.
Les autorités azerbaïdjanaises ont déjà procédé depuis novembre 2023 à plusieurs arrestations dans ce média qui suit particulièrement les affaires de corruption des élites politiques, dont la rédactrice en chef Sevinj Vagifgyzy et Ulvi Hasanli, le directeur.
Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères avait convoqué en novembre les représentants de la France, de l’Allemagne et des Etats-Unis, les accusant d’être impliqués dans le « financement illégal » de ce média d’investigation.
Selon Abzas Media, son directeur Ulvi Hasanli a été soumis à un « traitement inhumain » en détention.
L’ONG Amnesty International a dénoncé les interpellations de Sevinj Vagifgyzy et d’Ulvi Hasanli, jugeant qu’elles s’inscrivaient dans le cadre d’une campagne des autorités destinée à « arrêter les critiques » pour réprimer toute contestation.
Reporters sans frontières (RSF) a évoqué en décembre une « chasse aux journalistes des quelques médias encore indépendants opérant sur le territoire azerbaïdjanais ».