dimanche, juillet 7, 2024

Les Etats-Unis vont livrer des armes à sous-munitions à l’Ukraine : que sait-on sur ces armes controversées?

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Les Etats-Unis ont franchi vendredi un pas supplémentaire dans la guerre en Ukraine, en décidant de livrer à Kiev des armes à sous-munitions qui tuent à l’aveugle et sont interdites dans nombre de pays notamment européens.

« Cela a été une décision très difficile pour moi », a confié le président Joe Biden à la chaîne CNN, en précisant en avoir discuté au préalable avec les pays alliés et le Congrès américain.
« Cela m’a pris du temps avant d’être convaincu de le faire », a encore dit le président américain, en justifiant sa décision par le fait que l’Ukraine était « à court de munitions ».

Cette décision intervient au moment où Kiev est engagé dans une vaste contre-offensive contre les forces russes, qui progresse lentement de l’aveu du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Mais Washington estime que cette livraison représente « la bonne chose à faire » au vu des développements sur le terrain, outrepassant les réticences aux Etats-Unis comme à l’étranger sur l’utilisation de telles armes très controversées.

Le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a affirmé que le président Biden avait pris la décision après une « recommandation unanime » de son administration.
Il a encore assuré que les Ukrainiens avaient fourni des garanties « par écrit » sur l’usage qu’ils feraient de ces armes pour minimiser « les risques posés aux civils ».
Les Etats-Unis ont annoncé vendredi une nouveau aide militaire à l’Ukraine d’un montant de 800 millions de dollars, portant ainsi son assistance à plus de 41 milliards de dollars depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.

Ces armes dites à sous-munitions dispersent ou libèrent des petites charges explosive  conçues pour exploser avant, à, ou après l’impact. Selon le type d’arme utilisé, le nombre de sous-munitions dispersées peut aller de quelques dizaines à plus de 600. Nombre de pays en ont interdit l’utilisation et la production dans le cadre de la Convention d’Oslo de 2008 dont ni les Etats-Unis ni l’Ukraine ne sont parties prenantes.

L’artillerie est au coeur de ce conflit.

M. Sullivan s’est longuement justifié sur cette décision, dénoncée par les ONG, arguant que « l’artillerie est au coeur de ce conflit » et que la Russie recourait à ce type d’armes depuis le début de la guerre. Il y a un « risque massif encouru par les civils si les troupes et les chars russes déboulent sur les positions ukrainiennes et reprennent plus de territoire parce que l’Ukraine n’a pas assez d’artillerie » pour se défendre, a-t-il dit.

Selon le Pentagone, ces nouvelles armes à double usage sont capables d’être utilisées aussi bien pour pénétrer des blindages que contre des troupes au sol et pourront être « clairement utiles pour tout type d’opérations offensives ».  Les Américains entendent fournir des modèles plus récents avec des « taux d’échec » faibles, contrairement aux Russes, a-t-on assuré de même source.

Du côté des Européens, l’annonce de Washington suscite un certain embarras.  A Berlin, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, s’est dit vendredi « certain que nos amis américains n’ont pas pris à la légère la décision de livrer les munitions en question ».

Même son de cloche à Paris où le ministère des Affaires étrangères a rappelé que la France respecterait pour sa part ses engagements pris dans le cadre de la convention d’Oslo. Mais « nous comprenons l’arbitrage auquel les Etats-Unis sont parvenus dans leur souhait d’aider l’Ukraine dans l’exercice de sa légitime défense face à l’agression illégale déclenchée par la Russie », a précisé le Quai d’Orsay.

De son côté, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a relevé que la Russie et l’Ukraine utilisent ces armes mais que Moscou s’en sert « dans sa guerre brutale contre l’Ukraine alors que l’Ukraine s’en sert pour se défendre ».

Reste qu’au-delà des motivations de chacun, la présence de ces armes risque de poser un danger à long terme en raison notamment des charges non explosées, provoquant la colère des ONG.

L’organisation Human Rights Watch estime que cette décision « va inévitablement provoquer des souffrances à long terme et saper les efforts internationaux pour éradiquer leur utilisation ».
L’administration Biden « doit comprendre que toute décision visant à permettre un usage accru de ces armes à sous-munitions dans cette guerre aura une conséquence claire: plus de morts civils », a prévenu pour sa part Amnesty International.

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