Les évêques de l’Eglise catholique ont débuté mardi à Lourdes leur réunion annuelle, en partie consacrée aux suites à donner au rapport choc de la commission Sauvé sur la pédocriminalité dans l’institution.
Après avoir été accueillis par le président de la Conférence des évêques, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, les participants ont fait « une pause de silence en mémoire des victimes ». Certains d’entre eux se sont recueillis face à la grotte où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie est apparue à Bernadette Soubirous en 1858.
Ils se sont ensuite réunis à nouveau à huis clos pour commencer à examiner le rapport Sauvé.
Pendant sept jours, les quelque 120 prélats consacreront près de la moitié de leurs travaux à « la lutte contre les violences et les agressions sexuelles sur mineur », selon le programme remis à la presse.
Initialement prévue sur six jours, l’assemblée s’est ouverte un jour plus tôt pour un « temps et un travail de réception » du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase),un mois après sa publication.
Les chiffres sont effrayants. Quelque 216.000 personnes de plus de 18 ans ont fait l’objet de violences ou d’agressions sexuelles pendant leur minorité de la part de clercs (prêtres ou diacres) ou de religieux et religieuses depuis 1950. Le rapport estime à environ 3.000 le nombre de prédateurs impliqués en soixante-dix ans.
Si quelques victimes ont été invitées à Lourdes, seule une poignée fera le déplacement. Aucun des collectifs et associations qui les représentent n’y sera présent, regrettant que le rapport Sauvé ne soit pas le sujet unique de l’assemblée.
– Indemnisation –
« Je ne suis pas représentatif des absents mais je tiens à ce que les absents soient présents, ne serait-ce qu’à travers le fait que je pourrai dire pourquoi ils sont absents », a déclaré à l’AFP Jean-Luc Souveton, un prêtre victime de violences sexuelles qui doit arriver à Lourdes mardi après-midi.
Il participera à la séance en assemblée plénière mardi et est invité à s’exprimer, avec d’autres victimes, devant les évêques vendredi, avec des membres de la Corref (Conférence des religieux et religieuse de France), des laïcs et clercs ayant participé à des groupes de travail, des membres de cellules d’écoute et des responsables de l’enseignement catholique.
Les questions de « responsabilité » de l’Eglise mais aussi du dispositif financier permettant de verser, à l’avenir, une contribution aux victimes, seront à l’étude pendant cette conférence, et même parmi « les priorités » de cette rencontre, selon l’épiscopat.
Après une semaine de travaux, plusieurs sujets – dont on ignore encore la teneur – seront soumis au vote des évêques lors de la clôture, le 8 novembre.
Parmi ses 45 recommandations, la commission Sauvé propose de reconnaître la responsabilité civile et sociale de l’Eglise « indépendamment de toute faute personnelle de ses responsables ».
Elle préconise aussi d’individualiser le calcul de l’indemnisation due à chaque personne victime en fonction des « préjudices subis ».
Pour financer le fonds d’indemnisation, la commission écarte la piste d’un appel aux dons des fidèles, préconisant de financer les indemnités versées aux victimes « à partir du patrimoine des agresseurs et de l’Eglise de France ».