C’est « une bataille » qu’il faut mener « matin, midi et soir »: Emmanuel Macron est monté lui-même au front mardi pour faire accélérer la vaccination et répondre aux critiques qui ne faiblissent pas sur sa stratégie face au Covid-19.
« Il n’y a pas de jour férié, pas de week-end pour cette bataille! », a insisté le chef de l’Etat après une visite d’un centre de vaccination à Valenciennes, dans la région des Hauts-de-France, la plus touchée par l’épidémie avec l’Ile-de-France.
Manque de doses, doutes sur l’AstraZeneca, difficulté à obtenir des rendez-vous, lenteur logistique, Emmanuel Macron a constaté tous les freins à la vaccination en rencontrant des patients, des médecins et des pharmaciens. Décidé à réagir vite, Emmanuel Macron a changé de ton, renouant avec le vocabulaire guerrier qu’il avait adopté il y a un an. « Merci d’être au combat », a-t-il ainsi lancé aux médecins et infirmières.
La France « se bat » pour obtenir les doses de vaccin qu’AstraZenaca lui doit, a-t-il assuré, alors que la troisième vague de Covid-19 s’accélère en Europe et que le laboratoire suédo-britannique est sur la sellette. Emmanuel Macron a annoncé une série de solutions qui se veulent concrètes et rapides. Comme l’ouverture dès samedi de la vaccination aux plus de 70 ans, la création d’un numéro de téléphone national dédié aux rendez-vous vaccinaux et ce qu’il a appelé le « aller-vers », c’est-à-dire faire appeler les plus de 75 ans pour les convaincre de se faire vacciner. Les centres de vaccination, comme celui installé dans le gymnase d’une école de Valenciennes, vont doubler leur rythme en avril, a-t-il assuré.
La montée au front du chef de l’Etat illustre la pression intense à laquelle est soumis l’exécutif, engagé dans « une course contre la montre » face à la montée des contaminations. Ces dernières semaines, Emmanuel Macron avait laissé le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran en première ligne pour annoncer les nouvelles mesures contre l’épidémie qu’il avait décidées lors d’un Conseil de défense à l’Elysée.
Une lenteur vaccinale qui effare les autres pays
Mais le gouvernement peine à convaincre qu’il fait le maximum pour faire décoller les vaccinations, face surtout au Royaume-Uni où 28 millions de Britanniques ont déjà reçu une dose, contre 6,3 millions de Français. « Matin, midi et soir’ mais avec trois mois de retard« , a ironisé le député LR Eric Ciotti.
« Ca fait un an qu’on accélère. On a franchi le mur du son depuis longtemps… A chaque fois, on est les meilleurs du monde, mais on doit encore accélérer. Je trouve ça extraordinaire », a critiqué Boris Vallaud (PS).
« Je suis effaré par la lenteur vaccinale », la France est « quasiment bonnet d’âne dans le monde », « quand la vaccination est à l’arrêt, le confinement est en marche« , a renchéri Damien Abad (LR). Car la France se heurte toujours au manque de vaccins. « Nous les professionnels de santé, on est tous prêts, mais on n’a pas les doses », a regretté Hervé Momentym, le pharmacien qui a accueilli Emmanuel Macron. « Les gens n’attendent que ça », a-t-il insisté, expliquant que l’impatience est bien supérieure aux réticences. Cette semaine, sa pharmacie a reçu un premier et unique flacon. De quoi vacciner 11 personnes.
Le chef de l’Etat a rejeté la faute sur les lenteurs de livraison du groupe AstraZeneca. Et promis que, grâce notamment à l’arrivée du vaccin de Johnson & Johnson, « on va changer de dimension à partir d’avril », tout en maintenant l’objectif d’avoir vacciné mi-avril 10 millions de personnes, puis 20 millions mi-mai et 30 millions mi-juin. La France a-t-elle tardé à opter pour les vaccinodromes qui viennent d’être annoncés? « Rien ne sert d’ouvrir de très grands centres de vaccination quand le nombre de doses qu’on a ne le permet pas », a-t-il répondu.
Optimiste, Emmanuel Macron a même prédit un excès d’offre de vaccins dans deux mois: « Vous verrez que dans quelques semaines (…), le débat que nous aurons à partir de mai, ce sera, je vous l’annonce: Comment cela se fait qu’il n’y ait pas plus de gens dans les centres, qu’il y ait des plages libres ? ».