Vingt ans après leur destruction par les talibans, l’un de deux célèbres Bouddhas de Bamiyan a brièvement réapparu mardi soir en Afghanistan lors d’une projection en 3D à l’intérieur de l’alcôve qui a abrité la statue monumentale pendant des siècles. La projection a clôturé une journée de commémoration de la destruction des deux Bouddhas en mars 2001 dans la vallée de Bamiyan (centre).
« Nous ne voulons pas que les gens oublient le terrible crime commis ici », a expliqué Zahra Hussaini, l’un des organisateurs de l’événement « Nuit avec Bouddha ».
Après une procession illuminée par des lanternes, des centaines de personnes se sont rassemblées en bas de la falaise au coeur de laquelle les Bouddhas avaient été sculptés, entourés d’un réseau de caves, monastères et autres lieux saints.
La projection a rempli l’alcôve où, il fut un temps, se tenait Salsal, une statue de 55 mètres de haut.
« Ces moments me rappellent aussi les précieux trésors que nous avons perdus », a commenté Gulsoom Zahra, 33 ans, habitant de Bamiyan, vu assister à la cérémonie.
Déterminés à détruire le riche héritage culturel préislamique de l’Afghanistan, les talibans ont choqué le monde entier quand ils ont dynamité les Bouddhas durant leur régime ultraconservateur.
Avec ses paysages idylliques, Bamiyan est l’un des endroits les plus prisés du pays pour les randonneurs, touristes, et amateurs d’archéologie.
Mais la lente renaissance touristique de la vallée est menacée par la crainte d’un retour au pouvoir des talibans après la signature d’un accord entre les insurgés et Washington l’an dernier entérinant le retrait des troupes étrangères d’ici mai 2021.
Rares sont ceux qui pensent que les forces afghanes peuvent faire face aux talibans sans la protection des forces aériennes et forces spéciales américaines.
« Nous voulons aussi exprimer nos inquiétudes pour le futur, et ce qu’il va arriver à notre héritage historique à l’avenir… si l’histoire va se répéter, et si les derniers artefacts seront encore laissés à la merci des groupes extrémistes », a ajouté M. Hussaini.