(Belga) Travail des enfants, déforestation, pauvreté: les dérives du secteur du cacao ne peuvent pas reposer sur les seules épaules des producteurs. « Les grandes entreprises, au bout de la chaîne, doivent aussi être tenues responsables des conditions de travail dans le secteur et de son impact sur l’environnement », recommande lundi le baromètre du cacao 2020, établi tous les deux ans par un consortium international d’ONG et d’associations de la société civile.
Il y a 20 ans, le secteur du cacao promettait formellement de bannir le travail des enfants. Loin d’avoir disparu, celui-ci a même augmenté de 14 points de pourcentage au cours des 10 dernières années en Côte d’Ivoire et au Ghana, premiers producteurs mondiaux de cacao, indique une étude de l’Université de Chicago parue en octobre. Les différentes initiatives de durabilité se font sur base volontaire et il n’existe aucune contrainte pour atteindre les objectifs fixés, pointe Oxfam Belgique qui, comme Rikolto et la FGTB-Horval, fait partie du consortium. « Pourtant, ce sont les producteurs, au bas de l’échelle, qui perdent leurs primes de durabilité dès qu’ils sont en infraction avec les règles de certification », fustige la coupole belge. Pour lutter efficacement contre les violations des droits humains dans le secteur du cacao, le Baromètre énonce trois recommandations, au premier rang desquelles une responsabilisation des géants du chocolat. Alors que la Côte d’Ivoire et le Ghana ont obtenu en 2019 une prime de « différentiel de revenu décent » (LID en anglais) pour stabiliser le prix du cacao et augmenter le revenu des petits producteurs, le mastodonte américain Hershey’s a contourné la mesure en achetant le 20 novembre dernier quelque 30.000 tonnes de cacao sur le marché boursier, à prix cassés. « Une législation doit rappeler tout le monde à l’ordre, des petits producteurs aux grandes entreprises », préconise le baromètre, consultable dès mardi. Ensuite, des accords entre les pays producteurs et les pays consommateurs doivent favoriser une chaîne de production plus transparente et durable. À l’échelle européenne, des pourparlers ont été lancés en ce sens fin septembre entre la Commission, le Ghana et la Côte d’Ivoire ainsi que des représentants des producteurs. Enfin, « un prix équitable n’est pas une faveur mais un droit », insiste le baromètre. « C’est aussi la manière la plus efficace d’encourager les producteurs et les productrices à produire durablement. » (Belga)