(Belga) Le gouvernement français va proposer aux chefs d’État et de gouvernement des 27 pays de l’UE de supprimer l’union douanière qui existe entre l’Union et la Turquie, selon des informations obtenues lundi par Europe 1.
Paris demanderait cela comme « sanction » face à Ankara, pour l’attitude agressive du président turc Recep Tayyip Erdogan envers Emmanuel Macron ainsi que pour les incursions turques répétées au large des côtes chypriotes et grecques, à la recherche d’hydrocarbures. Fin octobre, la Grèce avait déjà demandé d’agir sur ce plan pour réprimer économiquement les actions turques. Le ministre grec des Affaires étrangères, Níkos Déndias, avait envoyé un courrier au commissaire européen chargé de l’élargissement Oliver Varhelyi, lui demandant d’examiner une suspension éventuelle de l’union douanière UE-Turquie. Cette union est en vigueur depuis 1995 et couvre les produits industriels et les produits agricoles transformés. Les produits agricoles non-transformés et les produits de l’acier et du charbon sont quant à eux concernés par des accords préférentiels. Lors du sommet européen de début octobre, Chypre avait poussé pour l’adoption de sanctions envers Ankara, mettant même dans la balance son feu vert aux sanctions européennes dans un autre dossier, celui de la Biélorussie. Mais les dirigeants européens s’étaient quittés sur un message mettant en avant la nécessité d’un dialogue formel entre la Turquie et les États de Méditerranée orientale en conflit avec elle, remettant à plus tard une éventuelle décision. L’Europe avait alors promis de suivre la situation de près et de revenir sur le sujet au plus tard lors du sommet de décembre. Tentant de manier la carotte et le bâton, les dirigeants des 27 avaient affirmé qu’ils n’hésiteraient pas à « utiliser tous les instruments disponibles » si Ankara continuait d’agir unilatéralement et illégalement. Parallèlement, ils indiquaient que « sous réserve d’efforts constructifs » de la Turquie, l’Europe remettrait sur la table la modernisation de l’union douanière et la facilitation des échanges commerciaux, entre autres. La Turquie, qui précédemment a déjà plusieurs fois ignoré les ultimatums européens sur la Méditerranée orientale, a prolongé début novembre la mission d’un navire d’exploration gazière dans une zone disputée avec Athènes. Parallèlement, le président Erdogan a multiplié les réactions incendiaires envers Emmanuel Macron et la France, dernièrement en qualifiant de « provocation » la dissolution en France du mouvement ultranationaliste turc des « Loups Gris ». (Belga)