Donald Trump et Joe Biden se sont affrontés au sujet de la gestion de la pandémie jeudi soir dès l’ouverture de leur ultime duel télévisé, qui pourrait offrir la dernière grande occasion au président américain de rattraper son retard dans les sondages à 12 jours du scrutin.
« Quelqu’un qui est responsable d’autant de morts ne devrait pas pouvoir rester président des Etats-Unis d’Amérique », a lancé le candidat démocrate, prédisant « un sombre hiver » pour le pays le plus endeuillé au monde, avec plus de 220.000 décès dus au coronavirus.
« Nous le combattons très fermement », a dit le président républicain, arrivé sans masque sur la scène de Nashville, dans le Tennessee, trois semaines après avoir été diagnostiqué positif au coronavirus.
Il a évoqué sa propre hospitalisation et guérison en assurant à nouveau être « immunisé ».
« Nous avons un vaccin qui arrive, il est prêt, il sera annoncé dans les prochaines semaines », a-t-il encore assuré, portant sa célèbre cravate rouge, avant de se montrer plus évasif sur le calendrier.
Le tempétueux milliardaire devrait redoubler ses attaques contre Joe Biden en évoquant les activités de son fils Hunter en Chine et en Ukraine, quand le candidat démocrate était vice-président de Barack Obama (2009-2017).
Il a invité dans le public un ex-associé de Hunter Biden, Tony Bobulinski, qui accuse le fils du candidat d’avoir utilisé son nom de famille pour gagner « des millions » à l’étranger, avec l’assentiment de son père.
Ultra-protecteur de sa famille, Joe Biden devra éviter de s’emporter face à ces coups attendus. Il devrait aussi tenter de recentrer le débat sur la gestion par Donald Trump de la pandémie de coronavirus.
Leur premier débat, fin septembre à Cleveland, dans l’Ohio, avait tourné au pugilat verbal.
En tête dans les sondages, le démocrate de 77 ans avait traité le 45e président des Etats-Unis, 74 ans, de « menteur », de « raciste » puis de « clown ». « Il n’y a rien d’intelligent en vous », avait rétorqué l’ex-homme d’affaires.
Jeudi soir, Donald Trump a entamé le débat d’un ton beaucoup plus posé, et les premiers échanges étaient davantage audibles que la fois précédente.
Pour éviter la cacophonie du premier affrontement, les organisateurs ont décidé cette fois de couper le micro d’un candidat pendant les deux premières minutes de prise de parole de l’autre pour chacune des questions, sur la pandémie, les questions raciales, le changement climatique ou encore la politique étrangère.
« Je pense que c’est très injuste », avait estimé Donald Trump avant ce rendez-vous, réitérant par ailleurs ses critiques contre la modératrice Kristen Welker, qu’il accuse d’être « une gauchiste démocrate endurcie ».
« J’espère qu’il respectera les règles », avait dit pour sa part Joe Biden.
Contrairement aux précédentes présidentielles, il n’y aura cette année que deux débats, le président sortant ayant refusé un duel virtuel le 15 octobre — un format proposé pour éviter les risques d’infection après son diagnostic positif au coronavirus.
Les équipes des candidats ont annoncé quelques heures avant le face-à-face de jeudi qu’ils avaient été testés négatifs au Covid-19, Donald Trump s’étant plié à l’exercice à bord de l’avion présidentiel Air Force One.
Les parois en Plexiglas qui avaient été installées sur la scène pour séparer les deux septuagénaires ont finalement été retirées.
Kyle Kondik, analyste politique de l’université de Virginie, estime que ce tête-à-tête est pour Donald Trump « l’une des dernières occasions de changer la trajectoire de la course ».
Pour Joe Biden, l’objectif est d’abord d’éviter tout faux pas « pour ne pas donner des munitions à l’équipe Trump ».
Le républicain a accentué ces derniers jours ses attaques personnelles sur l’intégrité de son adversaire, martelant que la famille Biden est une « entreprise criminelle ».
Il répète cette accusation depuis plusieurs semaines, sans éléments concrets à l’appui, et a même appelé le ministre de la Justice à enquêter.
Fidèle à sa stratégie, centrée sur une omniprésence sur le terrain, le président américain a participé mercredi soir à un meeting de campagne en Caroline du Nord et retrouvera la Floride dès vendredi.
De son côté, Joe Biden est resté chez lui, dans le Delaware, depuis le début de la semaine, sans le moindre événement public. Après le débat, il reprendra sa campagne avec un discours dans sa ville de Wilmington vendredi et un déplacement dans l’Etat-clé de Pennsylvanie samedi.