La tempête Alex a des conséquences désastreuses dans le Sud de la France. Des villages entiers sont toujours coupés du monde. A Tende, un cimetière a été entièrement ravagé.
Maisons éventrées par dizaines, routes coupées, infrastructures ravagées: l’ampleur des dégâts est immense. Mais « l’Etat sera au rendez-vous », a promis le Premier ministre Jean Castex devant l’Assemblée nationale. Comme un symbole macabre de l’étendue de la catastrophe, à Tende, dans la vallée de la Roya, les trois quarts du cimetière de Saint-Dalmas ont disparu après les pluies torrentielles de vendredi, « soit environ 150 corps », selon le maire du village Jean-Pierre Vassallo.
« Ils sont partis sur 20 kilomètres et ont terminé un peu partout, parfois dans des jardins. Et ce sont les habitants qui nous préviennent, pour que les marins-pompiers de Marseille venus nous aider puissent les récupérer », témoigne l’élu auprès de l’AFP. « Les cercueils ont explosé », explique un employé municipal, en précisant que les corps récupérés par les secours sont placés en sûreté. A quelques mètres de là, dans la rivière, un caveau a basculé, littéralement éventré.
Le président de la République Emmanuel Macron est arrivé mercredi en hélicoptère dans le village de Tende, encore partiellement privé d’électricité et inaccessible par la route, pour apporter son soutien aux habitants des Alpes-Maritimes traumatisés par les crues exceptionnelles du 2 octobre. Quelque 200 personnes attendaient le chef de l’Etat, qui a immédiatement fait le point avec les membres de la sécurité civile et les gendarmes présents dans ce village de la vallée de la Roya, une des plus meurtries par les intempéries, a constaté un journaliste de l’AFP.
La voix nouée, le maire de Tende Jean-Pierre Vassallo a raconté au président le désastre vécu par les 2.000 habitants lors des pluies torrentielles: « Le vendredi soir, c’était le cauchemar, les maisons tombaient les unes après les autres, on a évacué l’Ehpad, avec le personnel soignant, les pompiers, on a fait un véritable miracle ».
« Maintenant, je suis impressionné, quand la machine France se met en route c’est impressionnant », a-t-il ajouté, évoquant la mobilisation des secours et la solidarité des habitants de cette zone de montagne.
Dans la vallée de la Roya, frontalière avec l’Italie, nombre de hameaux sont toujours inaccessibles en véhicules, les routes ayant été arrachées par les flots. Et les habitants parcourent de longs trajets à pied pour aller travailler, chercher des vivres, voire quitter la vallée, comme Charlotte Vuillaume et David Rouste, partis sacs au dos et croisés par l’AFP avec leur bébé et la caisse du chat. « Là on part, on rentre à Nice vu qu’on n’a plus d’eau, plus d’électricité, plus rien, plus d’accès, on est comme sur une île déserte », explique la jeune femme, son bébé sur le ventre.
Plus haut dans cette même vallée de la Roya, à Tende, la nourriture arrive peu à peu, dans un village presque totalement isolé: « Il ne reste plus rien, j’ai eu juste une baguette hier », explique Martin Cox, un ancien champion de trail britannique, à l’AFP, lui aussi redescendu à pied dans la vallée. « Mais les choses se mettent en place petit à petit, on a reçu pas mal d’aide en personnel, les pompiers, l’armée, donc ça va déjà beaucoup mieux », tente de rassurer Bruno Vialattre, médecin à la retraite qui tient une consultation dans un hôtel de Saint-Dalmas-de-Tende et a participé à l’évacuation des blessés et touristes depuis vendredi.