L’auteur présumé de l’attaque au hachoir vendredi devant les ex-locaux de Charlie Hebdo à Paris, a reconnu s’appeler Zaheer Hassan Mahmoud et être né au Pakistan en 1995 et non en 2002, a annoncé mardi le procureur national antiterroriste lors d’une conférence de presse.
Quatre jours après l’attaque au hachoir à Paris, les enquêteurs tentent toujours de faire la lumière sur la véritable identité de l’assaillant présumé, dont la garde à vue a été prolongée et qui s’est présenté jusqu’à présent comme un jeune Pakistanais.
Le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, s’est exprimé mardi après-midi. L’assaillant a finalement reconnu avoir 25 ans et non 18 ans, a-t-il expliqué, précisant que l’enquête est désormais confiée à des juges d’instruction pour « tentative d’assassinats » terroristes.
Le suspect affirmait initialement s’appeler Hassan Ali et être né en 2002 au Pakistan, identité sous laquelle il avait bénéficié de l’aide sociale à l’enfance à son arrivée en France en 2018. Confronté à un document pakistanais retrouvé dans son téléphone, « il a finalement reconnu qu’il s’agissait de sa véritable identité et qu’il était âgé de 25 ans », a déclaré Jean-François Ricard, qui a confirmé que le suspect « était totalement inconnu de l’ensemble des services de renseignement« .
Selon ce document, Hassan A. s’appellerait en réalité « Zaheer Hassan Mahmoud ».
« Très fier »
A ce stade de l’enquête, ce patronyme n’apparaît pas non plus dans les fichiers de police ou de renseignement, a précisé l’une de ces sources.
C’est sous cette identité que s’est présenté cet homme dans une vidéo enregistrée avant l’attaque et authentifiée par les enquêteurs, selon une source proche du dossier. Dans ce document de deux minutes, qui a circulé pendant le week-end sur les réseaux sociaux, l’assaillant, en habit traditionnel, dénonce, entre chants psalmodiés et pleurs, « les caricatures du prophète Mohammed qui ont été faites ».
Il dit venir de Kothli Kazi, un village du district agricole de Mandi du Pendjab au Pakistan.
« Aujourd’hui, vendredi 25 septembre, je vais nous défendre contre ça », ajoute-t-il, sans donner plus de détails et sans faire allégeance à une quelconque organisation. Il revendique en revanche avoir pour « guide » le mollah Ilyas Qadri, chef de file de Dawat-e-Islami, un groupe religieux apolitique et non-violent d’inspiration soufie basé au Pakistan.
Le blasphème est une question brûlante au Pakistan, où même des allégations non prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages. Il est passible de la peine de mort, même si aucun condamné n’a jusqu’à présent été légalement exécuté.
Contacté par téléphone par l’AFP, Arshad Mahmoud, qui se présente comme son père, s’est dit « très heureux » et « très fier » des actes de son fils, qui a « protégé l’honneur du Prophète ». « Le village tout entier est venu me féliciter », a-t-il assuré.
Téléphones saisis
Des perquisitions dans deux des domiciles présumés de cet homme présenté comme « itinérant », dans un hôtel social à Cergy-Pontoise et un appartement de Pantin (Seine-Saint-Denis), ont permis la saisie, entre autres, de téléphones portables. Leur analyse pourrait permettre d’en savoir davantage sur son parcours avant son arrivée en France en 2018.
La garde à vue de l’assaillant, qui parle mal le français et est assisté d’un interprète en ourdou, a été prolongée de quarante-huit heures dimanche, a indiqué une source judiciaire à l’AFP.
Bien que « tout laisse à penser qu’il a agi seul », selon une source proche du dossier, cinq autres gardes à vue étaient encore en cours lundi: trois anciens colocataires du principal suspect dans son appartement de Pantin, son jeune frère et une connaissance.
Cinq autres personnes ont déjà vu leurs gardes à vue levées. Remis en liberté dès vendredi soir, « Youssef », 33 ans, initialement considéré comme suspect, a raconté au Monde samedi et sur TF1 dimanche comment il s’était retrouvé en garde à vue alors qu’il avait en réalité tenté d’arrêter l’attaquant.
Emmanuel Macron a rappelé lundi en conseil de ministres que « la menace terroriste est toujours persistante dans notre pays » et s’est dit prêt à « réinterroger » un « certain nombre de dispositifs« , a indiqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.