Il a débuté par une mise en garde à la Chine. Il a rapidement basculé vers ce qui était semble-t-il la véritable raison de sa sortie devant la presse: Joe Biden.
Debout derrière le podium présidentiel installé dans les jardins de la Maison Blanche, Donald Trump, vêtu de son emblématique cravate rouge, a transformé mardi une conférence de presse en un meeting de campagne.
« C’est Biden! Biden a dérivé vers la gauche radicale! »
Lors d’un long monologue décousu de près d’une heure, le milliardaire républicain, à la traîne dans les sondages derrière son adversaire démocrate à 110 jours de l’élection, a laissé éclater sa frustration.
Lisant une longue de liste de propositions de l’ancien vice-président, il a ironisé, attaqué, et dressé le tableau apocalyptique d’une Amérique sous la présidence Biden.
« J’ai du mal à croire que je sois en train de lire ça! », lance-t-il. « Ecoutez ça! », dit-il un peu plus tard.
Diplomatie? « Toute la carrière de Joe Biden a été un cadeau pour le parti communiste chinois! (…) Biden s’est rangé du côté de la Chine contre l’Amérique d’innombrables fois! ».
Immigration? « Tous les habitants d’Amérique du Sud vont débarquer! ».
Les forces de police? « Des choses terribles se passent à New York, j’adore New York, ça me désole. »
L’environnement? « En tant que vice-président, Biden était l’un des plus fervents défenseurs de l’accord de Paris sur le climat », tempête Donald Trump, qui se félicite d’avoir retiré les Etats-Unis de ce texte signé par la quasi-totalité des pays de la planète.
Selon lui, cet accord aurait « détruit l’industrie américaine tout en autorisant la Chine à polluer l’atmosphère en toute impunité ».
La famille de Joe Biden?
« Où est Hunter au fait? », lâche le président, reprenant une ligne d’attaque qui faisait merveille il y a quelques mois dans les meetings « Make America Great Again ».
Elle fait référence à l’entrée de Hunter Biden, l’un des deux fils de Joe Biden, au conseil d’administration d’une compagnie gazière ukrainienne lorsque son père était vice-président.
– Sondages « très bons » –
L’ancien homme d’affaires de New York alterne les attaques contre son adversaire avec la mise en avant de son bilan, passant du coq à l’âne.
Il revendique sa fermeté dans les négociations commerciales face à l’Europe: « l’Union européenne a été créée pour profiter des Etats-Unis ».
Il vante l’efficacité du mur bâti sur une partie de la frontière avec le Mexique dans la lutte contre la pandémie du Covid-19: « il est tombé à point, il a empêché des gens de venir de lieux très infectés ».
Il vante sa réaction face au virus: « nous avons sauvé des millions des vie ».
Il promet une sortie rapide, très rapide de la crise sanitaire. « Nous avançons très bien sur le vaccin (…). Nous sommes prêts ».
La première question est celle que tout le monde se pose face à cet étrange exercice dans lequel il est difficile de ne pas voir la frustration d’un président qui redoute de ne pas pouvoir effectuer un deuxième mandat, contrairement à ses trois prédécesseurs, Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton.
« Avez-vous l’impression que vous êtes en train de perdre? »
« Non », répond-il, assurant contre toute évidence que les sondages sont « très bons » et que cette élection, « peut-être la plus importante qui soit », se présente bien pour lui.
« Je pense que l’enthousiasme est nettement plus fort qu’en 2016 », martèle-t-il, assurant que ses partisans sont silencieux mais se rendront aux urnes en masse, le 3 novembre.