Les sénateurs américains n’avaient toujours pas annoncé mardi soir d’accord sur un plan majeur de relance de la première économie mondiale, durement frappée par la pandémie de coronavirus, mais l’optimisme entourait encore les négociations intenses avec le gouvernement de Donald Trump.
Après quatre jours de tractations ardues pour élaborer ce qui devrait être le plus gros plan de relance jamais approuvé par le Congrès, le président américain l’a appelé à « agir immédiatement ».
« Plus cela prendra de temps, plus il sera difficile de redémarrer l’économie. Nos travailleurs vont souffrir », a-t-il tweeté.
Les sénateurs républicains, démocrates et la Maison Blanche sont engagés dans des discussions pour parvenir à un accord sur ce gigantesque plan de relance qui devrait mobiliser autour de 2.000 milliards de dollars, alors que la première économie mondiale est probablement déjà entrée en récession.
« Ce plan représentera le plus gros programme d’aide destiné à l’économie réelle de l’Histoire des Etats-Unis », a déclaré mardi soir le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow.
« Nous avons besoin d’urgence de cette loi pour renforcer l’économie, pour injecter des liquidités et stabiliser les marchés financiers afin de traverser cette période difficile (…) mais aussi pour nous positionner avant le rebond qui, je pense, pourrait arriver plus tard cette année », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche.
Il a affirmé que les négociateurs s’attendaient « à voter aussi vite que possible ».
Mais en fin de journée mardi, aucun vote n’était encore prévu et le texte n’avait pas été dévoilé.
L’optimisme ambiant a toutefois fait rebondir Wall Street mardi, le Dow Jones enregistrant même sa plus forte progression en une séance en près de 90 ans.
Dimanche, puis lundi, les sénateurs démocrates avaient rejeté des motions qui auraient permis un vote rapide sur le plan de relance, arguant que ce dernier était encore en négociations.
– « Prochaines heures » –
Le chef de la majorité républicaine Mitch McConnell a déclaré mardi matin que la chambre haute était « très près » d’un texte qui intégrerait des propositions démocrates.
Les mesures incluent des aides directes versées aux Américains, des prêts pour les petites entreprises et pour les poids lourds de l’économie, dont le secteur aérien, ainsi que plus de moyens pour les hôpitaux américains, a-t-il énuméré.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a affirmé, dans la matinée également, que les derniers obstacles à l’accord pourraient être surmontés « dans les prochaines heures ».
Échaudée par les excès des bénéficiaires du plan de sauvetage de la crise de 2008, l’opposition réclame notamment à l’administration Trump une supervision accrue des prêts accordés aux grandes entreprises en plus du versement intégral des salaires, pendant plusieurs mois, aux employés mis au chômage technique et encore plus de moyens pour les hôpitaux.
Lorsqu’il aura été voté au Sénat, le plan de relance devra encore être approuvé par la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, avant de pouvoir être promulgué par le président républicain. Il est donc impératif que tous s’accordent dès maintenant.
– « Je ne signe pas » –
Donald Trump a indiqué que les mesures ébauchées ce week-end lui avaient plu, jusqu’à ce que la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, évoque une contre-proposition avec des clauses concernant notamment l’environnement.
« Il y avait des choses terribles là-dedans », a-t-il déclaré sur Fox News en évoquant des éoliennes. « J’ai dit +je ne signe pas cela+ ».
Mme Pelosi a reconnu mardi que son parti aimerait notamment limiter les émissions de gaz à effet de serre des compagnies aériennes « si nous leur donnons des milliards de dollars ».
Mais elle a semblé ouverte à faire approuver à la Chambre le texte qui serait adopté au Sénat, si celui-ci incluait assez de grandes priorités des démocrates. Et a fait un appel du pied aux plus réfractaires de son groupe parlementaire:
« Nous en voudrions plus. Nous pouvons en garder une partie pour un autre jour », a-t-elle déclaré sur CNN.
Elle a confié espérer que le texte pourrait être adopté à l’unanimité, ce qui éviterait de faire rentrer à Washington tous les parlementaires.
La pandémie touche aussi le Congrès, avec trois parlementaires testés positifs au coronavirus et au moins une dizaine en isolement volontaire.
Les Etats-Unis comptaient mardi soir près de 700 morts et plus de 53.000 cas officiellement déclarés de Covid-19, selon l’université Johns Hopkins, qui fait référence.