Donald Trump a mis en garde mardi contre un confinement prolongé aux Etats-Unis, qui a plongé l’économie dans la crise et pourrait selon lui « détruire » le pays.
Donald Trump a manifesté mardi son impatience face à la crise sanitaire et dit miser sur une levée « rapide » des restrictions, d’ici mi-avril pour une partie du pays, malgré la forte accélération des décès dus au nouveau coronavirus aux Etats-Unis.
« Il faut retourner au travail, beaucoup plus tôt que les gens ne le pensent », a lancé le président américain sur la chaîne Fox News.
Tout en concédant que les restrictions dureraient un peu au-delà des quinze jours initiaux, il a promis de « rouvrir » le pays « rapidement », expliquant que l’on commençait à voir « une lumière au bout du tunnel ».
« J’adorerais rouvrir d’ici Pâques », qui tombe cette année le 12 avril, a-t-il ensuite dit à plusieurs reprises, assurant, en dépit des réserves de nombreux scientifiques et responsables locaux, que cette échéance était réaliste à condition que les gens retournent au travail « en pratiquant la distanciation sociale ».
40% de la population américaine confinée
Il a plus tard précisé que cette « belle échéance » de Pâques vaudrait surtout pour les parties les moins peuplées du pays et où l’épidémie aurait été considérée comme contenue, comme « des grandes portions du Texas, des territoires dans l’Ouest ».
Anthony Fauci, spécialiste des maladies infectieuses au sein de l’équipe de lutte contre le Covid-19, a prôné la « flexibilité » dans l’assouplissement des restrictions qui doivent se faire « sur une base quotidienne ou hebdomadaire ».
Le milliardaire républicain s’était résolu à émettre il y a une semaine des recommandations très strictes.
Mais alors que 40% de la population américaine est confinée chez elle ou sur le point de l’être — les restrictions variant d’un Etat à l’autre –, il ne cache pas à présent sa crainte de voir ces mesures draconiennes et l’arrêt de l’activité s’éterniser.
Le Pentagone lui-même s’est montré moins optimiste en tablant sur « plusieurs mois » de crise, avec un retour à la normale vers juin-juillet seulement aux Etats-Unis.
Les Etats-Unis, nouvel épicentre ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs prévenu mardi que les Etats-Unis pourraient bientôt dépasser l’Europe et devenir le nouvel épicentre mondial de la pandémie.
« Nous constatons une très forte accélération du nombre de cas aux Etats-Unis », a expliqué une porte-parole de l’organisation.
Les Etats-Unis comptaient mardi soir plus de 700 morts et de 53.000 cas officiellement déclarés de Covid-19, selon le comptage de l’université Johns Hopkins, qui fait référence.
La ville de Miami en Floride, où de nombreux jeunes continuaient à faire la fête la semaine dernière, ignorant les consignes de précaution, a à son tour imposé mardi un confinement obligatoire à ses 470.000 habitants.
Dans l’Etat de New York, « le taux de nouvelles infections double tous les trois jours », a prévenu son gouverneur Andrew Cuomo. L’épidémie pourrait y connaître son summum « d’ici 14 à 21 jours », soit plus tôt que prévu.
Les autorités fédérales ont ainsi appelé les habitants ayant fui récemment la région de New York, pour éviter la contagion, à observer une quarantaine de deux semaines pour empêcher tout risque de contamination.
« En guerre contre un ennemi invisible »
Cet Etat de près de 20 millions d’habitants se prépare donc au pire et continue de réclamer au gouvernement fédéral du matériel médical, à commencer par des respirateurs par milliers.
Il a aussi revu à la hausse le besoin de lits d’hôpitaux supplémentaires, à 140.000, alors qu’un premier hôpital de secours doit être opérationnel d’ici environ huit jours à Manhattan.
Malgré cette course contre la montre, le président des Etats-Unis a donc confirmé sans détour un nouveau changement de ton distillé ces derniers jours.
Après s’être dit « en guerre » la semaine dernière contre cet « ennemi invisible », Donald Trump renoue avec ses propos initiaux, lorsqu’il était accusé par nombre d’experts de minimiser la menace.
Il a ainsi recommencé à comparer la pandémie actuelle à la grippe saisonnière.
« On perd des milliers et des milliers de personnes chaque année à cause de la grippe, et on ne met pas le pays à l’arrêt », a-t-il affirmé lors de son long entretien sur Fox News.
« On peut détruire un pays en le fermant de cette façon », a-t-il estimé, ajoutant qu’une « grave récession ou une dépression » pourraient faire plus de morts que l’épidémie, notamment si la crise économique devait entraîner « des suicides par milliers ».
Dans la soirée, la Maison Blanche a par ailleurs annoncé que sa porte-parole, Stephanie Grisham, reviendrait mercredi, le résultat de son test au Covid-19 étant négatif.